mercredi 17 novembre 2010

Matinée de réflexion sur le "bouclier rural"

Organisée par l'Union des Elus Socialistes et Républicains de Saône-et-loire en partenariat avec le Laboratoire des Idées du Parti Socialiste, cette rencontre, ouverte à tous les citoyens qui le souhaitent, aura lieu le samedi 4 décembre 2010 à Sanvignes.

PROGRAMME

Accueil café : 9h30

9h45 : Accueil par Jean-Claude LAGRANGE Maire de Sanvignes et Jérôme DURAIN, Premier Secrétaire fédéral du Parti Socialiste

10h00 - 11h30 Table ronde n°1 : « Sortir des mythes : la réalité des difficultés des mondes ruraux »

Nos communes rurales sont les grandes ignorées des médias nationaux. Soit elles sont traitées sous l’angle du folklore soit elles disparaissent d’un journal télévisé qui devient celui d’une France qui n’existe pas. Pourtant les difficultés des zones rurales existent. Un rapport de l’IGAS les a mises en évidence (septembre 2009). Qui explique que les mondes ruraux sont, désormais, les principaux mondes industriels ? Dans cette table ronde, les intervenants s’efforceront de clarifier les enjeux, à la fois nationaux pour les 11 millions de ruraux, et propres à la Saône-et-Loire…

Modérateur : Gaël BRUSTIER animateur du Laboratoire des Idées de la Fédération PS

• Paul VANNIER & Gatien ELIE, géographes.
• Sébastien VIGNON, Chercheur au CURAPP, Université d'Amiens
• Jean-Philippe HUELIN, animateur du site « Vers un bouclier rural »
• Christian BONNOT, Conseiller Général
• Christian PAUL, Député de la Nièvre, Président du Laboratoire des Idées du Parti Socialiste

Débat avec la salle

11h30 - 12h45 Table ronde n°2 : « La ruralité à l’offensive : expériences et actions pour mieux défendre nos campagnes. »

Les élus socialistes sont en première ligne dans la défense des territoires ruraux… Du maintien d’une activité économique au développement des réseaux susceptible de favoriser le développement local, leurs expériences méritent d’être exposées et confrontées…

Modératrice : Sophie CHARRIERE, Adjointe au Maire de Cluny

• Edith GUEUGNEAU, Vice-Présidente du Conseil Régional, Président de la CC du Canton de Bourbon.
• Philippe BAUMEL, Vice-Président du CRB et de la CCM, Vice Président de la FNESR
• Marie-Odile MARBACH : Présidente de la CC de La Guiche
• Jean PIRET, Maire de Suin, Vice-Président du Pays Charolais
• Fabien BAZIN, Maire de Lormes

Débat avec la salle

12h45 : Conclusion : Christian PAUL, Député, Président du Laboratoire des Idées

http://www.ps71.org/SAMEDI-4-DECEMBRE-MATINEE-DE-REFLEXION-SUR-LE-BOUCLIER-RURAL-A-SANVIGNES_a407.html

jeudi 4 novembre 2010

11 millions de ruraux ont zappé Sarkozy. Que fait la gauche ?

Courtisé durant la campagne présidentielle par l'UMP, le monde rural a massivement voté pour Sarkozy. Depuis, ce secteur est laissé en friche par le parti présidentiel qui tente de renouer avec cet électorat via une droite rurale. La gauche, quant à elle, ne semble pas prendre la mesure de l'enjeu du vote rural. Pour Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin, auteurs de « Recherche le peuple désespérément », l'ignorer relève du «suicide politique».

Il est assez cocasse de voir se former à l’Assemblée Nationale un groupe de députés étiqueté « Droite rurale » sous l’impulsion du député UMP de Lozère Pierre Morel-A-L’Hussier. Plus cocasse encore de lire que ce groupe entend défendre, entre autres, les services publics en milieu rural. Ont-ils donc dormi depuis 2002 pour ne constater qu’aujourd’hui que leur propre camp s’est ingénié à détruire les services publics partout et surtout à la campagne ? Cette initiative vise autant à tenter de masquer les effets désastreux de l’action du pouvoir sur le plan économique et social sur le monde rural que de lutter contre le calamiteux bilan symbolique de l’action présidentielle qui heurte les forces traditionnellement conservatrices d’une partie des campagnes. Il révèle surtout que le monde rural représente aujourd’hui un enjeu stratégique essentiel pour 2012, ce que la gauche pourrait enfin comprendre…

Les zones rurales souffrent de l’image que véhiculent un certain nombre de représentations figées. Pour beaucoup de commentateurs, de prétendus analystes politiques, d’hommes politiques de gauche ou de droite (comme Monsieur Copé au soir des élections régionales), la « ruralité », c’est d’abord « vaches + tracteurs + jolis paysages ». Equation fausse qui mène tous ceux qui la suivent au désastre électoral dans ces zones. En vérité, le monde rural compte 11 millions de Français soit 20% de la population métropolitaine et certainement un peu plus de l’électorat potentiel ou de l’électorat qui se déplace effectivement aux urnes. Comme le soulignait un rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) de septembre 2009, les zones rurales concentrent des problèmes sociaux majeurs. En zone rurale, 35% des actifs sont des ouvriers, souvent les plus précaires et les premiers frappés par les délocalisations. Seulement 8% sont des agriculteurs. Il existe une jeunesse ouvrière et une jeunesse précaire en milieux ruraux, ainsi que Nicolas Renahy, sociologue et auteur du lumineux ouvrage « Les gars du coin » (La Découverte, 2005) l’a démontré.

Rappelons que la France périphérique, rurale ou périurbaine, avait voté Nicolas Sarkozy en 2007. Comme l’analysait Jérôme Fourquet : « Le candidat UMP obtient 32,5 % des voix en moyenne nationale, mais 36 % dans les campagnes, alors que Ségolène Royal, qui est à 27 % en moyenne nationale, ne recueille que 21 % dans l'électorat rural. » Le phénomène se retrouve au second tour : Nicolas Sarkozy obtiendrait 58 % du vote rural, contre 52 à 53 % en moyenne nationale. Une ébauche de redressement des scores de la gauche dans ces régions a été opérée en particulier grâce à une hausse du vote ouvrier pour le candidat socialiste entre 2002 et 2007

Ignorer l'électorat rural relève du suicide politique

Le Parti Socialiste, par la voix d’un certain nombre des siens et au premier rang desquels Christian Paul, député de la Nièvre, a œuvré à élaborer un « bouclier rural », thème forgé depuis plusieurs mois par des militants et des élus socialistes ruraux et qui est d’ailleurs repris dans la prochaine Convention programmatique consacrée à « l’Egalité réelle ». Une véritable « Gauche rurale » est en train de s’organiser. Mais aussi pertinent soit-il, ce « bouclier » ne peut être que la première pièce d’un arsenal stratégique destiné à conquérir dans la durée des zones qui ne sont plus dévolues à la seule droite. Cette France périphérique s’exprime de plus en plus, les récents succès des manifestations locales contre la réforme des retraites l’ont prouvé.

Pour l’anecdote, en ce lendemain d’élections de mid-term aux Etats-Unis, l’intérêt porté par les deux partis américains à la jeunesse rurale s’est concrétisé par une bataille stratégique portée par l’un et par l’autre des camps. Reagan avait fait des suburbs (résidence pavillonnaires entourées de jardins visibles dans les banlieues périphériques des villes aux Etats-Unis, ndlr) le foyer de sa révolution conservatrice « grassroots », c'est-à-dire « par la base ». Les Démocrates se battent, à l’image d’un de leurs stratèges Ruy Teixeira, depuis plusieurs années pour conquérir l’électorat rural, en particulier dans le Colorado mais aussi dans d’autres Etats comme la Pennsylvanie (centrale) ou l’Ohio... Ignorer, chez nous, cet enjeu relèverait du suicide politique. Cette discrète initiative de la « droite rurale » peut permettre à la gauche française de ne pas se tromper.

Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin - Tribune | Jeudi 4 Novembre 2010
http://www.marianne2.fr/11-millions-de-ruraux-ont-zappe-Sarkozy-Que-fait-la-gauche_a199260.html