Le meeting du 9 mars 2002 était celui des jeunes soutenant la candidature de Jean-Pierre Chèvenement. A cette occasion, j'ai prononcé le discours suivant ayant pour thème la culture :
Chers amis,
Pour commencer cette intervention, je citerais une phrase qui est, je crois, symptomatique de la nouvelle trahison de nos élites : « L’exception culturelle française est morte ! » Elle est signée, vous le savez, de Jean-Marie Messier. Citizen Messier, le nouveau magnat autoproclamé des Etats-Unis d’Occident. Celui qui prétend « un français plus américain que moi, tu meurs ! » On le comprend, être français aujourd’hui, c’est vraiment ringard pour un grand patron aux ambitions mondiales et le cinéma français vraiment indigne et misérable par rapport aux bénéfices mirifiques faits par les films américains. Voilà la nouvelle pensée unique en matière culturelle, voilà ce que nous devons combattre avec vigueur !
Si nous défendons l’exception culturelle, ce n’est pas pour nous replier sur notre pré-carré national, c’est pour continuer à apporter un regard original sur les choses de la vie, c’est pour lutter contre l’uniformisation de nos rêves. Quand j’entends José Bové et ceux qui se veulent « anti-mondialistes », j’ai envie de dire avec eux : « Le monde n’est pas une marchandise… la culture non plus ! »
La culture justement nous sauve du quotidien et du contingent, elle lie une communauté, elle fonde une nation. En effet, pour aller vers l’Universel, il faut partir de quelque part et en France ce quelque part s’appelle la nation citoyenne. Aussi mettre en danger nos repères culturels, c’est atomiser la communauté nationale, c’est enfermer chacun dans ses particularismes, c’est empêcher l’individu de s’élever vers ce qui le transcende, en une formule, c’est transformer le citoyen en consommateur. Et cela, nous ne l’accepterons pas !
Pour continuer à faire France, nous devons poursuivre l’œuvre multiséculaire de la transmission de notre patrimoine culturel. Je ne prendrais ici qu’un seul exemple : l’enseignement du latin et du grec. Sur cette question, Les Héritiers, le livre du grand sociologue récemment disparu Pierre Bourdieu, a longtemps été l’arbre qui cachait la forêt. Si l’enseignement de ces deux langues anciennes a certes pu permettre à l’élite de s’auto-reproduire, il est d’abord et avant tout le moyen d’accéder à la culture classique. Et qu’est-ce que la culture classique sinon ce qui ne meurt pas, ce qui s’oppose à la mode et à l’air du temps, autres noms pour désigner la culture-kleenex, la cuculture !
Au lieu de dénigrer la culture classique, nos élites post-soixante-huitardes auraient été mieux inspirées d’en permettre l’égal accès. Au nom de quoi les enfants des quartiers populaires n’auraient pas le droit de prétendre à cette culture classique devenue, quasiment par réflexe de classe, propriété exclusive des enfants des centres-villes !
Je terminerai par cette citation issue du dernier livre de notre candidat : « Il faut le répéter sans cesse : à la racine des choses, il y a la culture. L’école libératrice, c’était d’abord l’émancipation par le savoir. C’était la philosophie des Lumières. C’est elle qu’il nous faut retrouver aujourd’hui. »
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