lundi 23 mai 2011

Lutter contre la prolophobie, retrouver le peuple

Jean-Philippe Huelin, co-auteur de « Recherche le peuple désespérément » (François Bourin, 2009), était l’un des invités de l’Université Participative et Populaire, organisée samedi 14 mai à Villers-sur-Orge par Désirs d’avenir en Essonne et intitulée « Gauche/classes populaires : le divorce ? »

Essonne Info : Votre livre a servi de fil conducteur à cet après-midi de débat. Que démontrez-vous dans votre livre ?

Jean-Philippe Huelin : Nous avons voulu faire le bulletin de santé des couches populaires en France. Absents médiatiquement, de plus en plus méprisés, les ouvriers et les employés constituent encore près de 60% de la population active et leur vote est décisif lors des grands rendez-vous électoraux (référendum sur la Constitution européenne en 2005, présidentielle en 2007).

Essonne Info : Une note de « Terra Nova » sur la stratégie électorale pour 2012 a été publiée il y a une dizaine de jours, et recommande à la gauche d’assumer son éloignement avec les couches populaires. Qu’en avez-vous pensé ?

Jean-Philippe Huelin : Cette note assume les conséquences du tournant néolibéral entérinant la mondialisation que le PS a opéré sans jamais le revendiquer depuis 1983. Elle théorise a posteriori une stratégie électorale structurellement perdante pour la gauche, qui ne permet l’accession au pouvoir que très provisoirement, la gauche se montrant incapable d’inverser la droitisation des sociétés occidentales.

Essonne Info : Vous êtes donc en totale opposition avec Terra Nova, mais alors quelle stratégie adopter pour la gauche ?

Jean-Philippe Huelin : Il ne faut pas faire l’impasse sur la réalité de la géographie sociale française. La ligne de front politique passe à la fois par le Nord-est et par les zones périurbaines. C’est là que s’est opéré un réalignement électoral qui a porté la droite au pouvoir. Il y a une France des perdants de la mondialisation à qui l’accès aux villes est devenu impossible et qui est reléguée de plus en plus loin des centres. N’est-ce pas à eux que la gauche doit s’adresser ? Est-ce un hasard si ce sont surtout des ouvriers et des employés ? Une certaine prolophobie des élites de gauche empêche de voir que les solutions à apporter sont de deux ordres : économiques et sociales d’une part, culturelles et identitaires de l’autre.

Essonne info, 23 mai 2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire