Je ne puis que m'associer à l'appel de Jean-Philippe Huelin en faveur de la mise en place d'un bouclier rural. Je le rejoins entièrement pour estimer que les espaces ruraux sont les grands oubliés de la sphère politique. Je voudrais à cet égard souligner que c'est une erreur commune que de confondre les espaces ruraux avec la ruralité.
De fait, comme l'observe avec beaucoup d'intelligence et de finesse Jean-Philippe Huelin, les espaces ruraux ne sont pas exclusivement le lieu d'expression et d'évolution du monde agricole, mais, bien au contraire, un déversoir pour d'ex-urbains refoulés des villes devenues trop chères, trop hostiles.
C'est là que l'on trouve les précaires, les ouvriers (que la gauche croit disparus), les petites gens, les déqualifiés, les personnes âgées, les femmes seules avec enfants et j'en oublie d'autres, tous ces péri-urbains condamnés à consacrer parfois près d'une demie journée en transport pour pouvoir accéder à leur lieu de travail.
Onze millions d'invisibles
La droite décomplexée et bling bling a abandonné de longue date le monde paysan, désormais seul face à ses difficultés. Il reste quelques élus d'exception de toutes obédiences politiques qui tentent d'alerter, mais en vain, l'opinion du danger qui guette nos campagnes : délocalisations, fermetures d'hôpitaux, de lignes de chemin de fer, de tribunaux et d'écoles, disparitions de services postaux, c'est l'État tout entier qui fout le camp dans nos campagnes.
Onze millions d'invisibles, comme titrait Marianne2 mercredi dernier, onze millions d'invisibles (soit 18% de la population) dont plus personne ne se soucie, en moyenne bien plus pauvres que ces cités dont on nous rebat les oreilles jusqu'à nausée dans les journaux télévisés.
J'ai lu l'appel de Jean Lassalle (mon député MoDem favori) et André Chassaigne (communiste, mais personne n'est parfait) auquel je souscris totalement. C'est à juste titre que les deux députés dénoncent l'agonie des campagnes prises entre la marteau de la rentabilité et l'enclume des naturalistes (les députés ne l'ont pas écrit, mais moi je pense très très très fort aux Verts et à leurs relais médiatiques et politiques, y compris au sein-même du gouvernement...) qui voudraient en faire des réserves d'Indiens.
François Bayrou et Jean Lassalle ont fait de longue date leur cheval de bataille de la pérennité de l'État là où il a déserté. Il ne suffira pas d'assurer la survie d'une agriculture, comme le propose le MoDem, il s'agit de s'occuper des populations qui y résident. La lettre commune d'André Chassaigne et Jean Lassalle, les écrits et la constitution d'un observatoire de la ruralité digne de ce nom par Jean-Philippe Huelin montrent que cette cause peut réunir des hommes et des femmes par delà les clivages politiques.
Le MoDem doit être le porte-voix des oubliés
Le MoDem doit à mes yeux être le fer de lance et le porte-voix des oubliés. Le travail demeure à réaliser, parce que je n'ai vu nulle part dans le programme démocrate le moindre embryon de réflexion sur ces Français de l'ombre. Il revient aux seuls Jean Lassalle et François Bayrou d'évoquer leur sort, dans mon propre parti.
J'attends donc que la base militante et les commissions démocrates s'emparent de cette cause et produisent autre chose que des poncifs médiatiques sur la chose. Il faudrait en finir avec les appels citoyens, les join causes sur Facebook, les « sauvez ma planète » et autres bisounourseries, parce qu'il est grand temps de commencer à s'intéresser au peuple, désormais...
Je laisse à Jean-Philippe Huelin le soin d'aller secouer les puces des Socialistes sur le sujet...à chacun sa maison politique...
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