La proposition formulée par Martine Aubry d'interdire le cumul des mandats au sein du Parti socialiste ne devrait s'appliquer qu'après les élections régionales, si jamais les militants y consentent. «N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre?», s'inquiète Barbara Romagnan, conseillère générale PS du Doubs et docteure en sciences politiques.
Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85% des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu'on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question. En revanche, je m'inquiète du fait qu'elle propose que cela ne s'applique qu'après les élections régionales. N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N'y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?
Avec le mandat unique, nous avons une occasion de traduire nos propos en actes sans attendre une prochaine hypothétique victoire en même temps que nous nous donnons les moyens de l'emporter aux élections à venir. En l'appliquant dès aujourd'hui pour la constitution de nos listes pour les élections régionales, c'est un véritable électro-choc que nous déclencherons, électro-choc sans doute indispensable pour remettre nos listes dans une logique de victoire, car nous savons bien que ces élections vont être très difficiles.
Premièrement, dans notre vision républicaine de la représentation, les élus n'ont pas de sexe, pas d'âge, pas d'appartenance sociale, pas d'origine, pas de couleur. Pourtant, notre parti - et les autres également - se ridiculise en payant des amendes parce que, ne respectant pas la parité hommes-femmes, il enfreint la loi qu'il avait lui-même fait voter. Si l'on exerce un seul mandat, au maximum trois fois de suite, cela libérera bien des places, et ne manquera pas de faire émerger de nouveaux candidats. Peut-être cela redonnera-t-il le goût de l'engagement et des responsabilités à ceux qui sont aujourd'hui éloignés de l'action collective. Notre parti mérite mieux qu'une moyenne d'âge supérieure à 55 ans, mieux que les maigres 5 % des moins de 30 ans, et beaucoup mieux que ces proportions anecdotiques en son sein d'ouvriers et de militants issus de la diversité.
Deuxièmement, le mandat unique pour les parlementaires, les présidents de Conseil général et de Conseil régional, et pour les maires des plus grandes villes, est une question de principe. Car, même si certains se sentent capables d'assumer 3 mandats, mieux que d'autres, un seul, nous sommes socialistes. Et, être socialiste, cela implique de partager le pouvoir, de la même manière que nous prônons le partage des richesses. C'est aussi une question de démocratie parce que tout le temps passé à autre chose qu'à son mandat est laissé aux services des collectivités ou de l'Etat. Mais les citoyens votent pour que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens le fassent à leur place, quand bien même ils soient très compétents.
Troisièmement, c'est une question de crédibilité. Comment continuer à défendre l'idée qu'il est meilleur qu'une seule personne exerce deux mandats à la fois, plutôt que deux personnes ; travaillant ensemble en bonne intelligence, exerçant chacune un seul mandat ? Comment croire qu'un Président de Région ou de Département, qui serait en même temps parlementaire, remplirait mieux les tâches que lui ont confiées les citoyens, que deux personnes assumant chacune un de ces deux mandats ? Comment penser que le montant des indemnités des parlementaires, des Présidents de la plupart des collectivités territoriales ne justifieraient pas un engagement à plein temps pour chaque responsabilité ? C'est une question de crédibilité également parce que la perspective d'inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne nous exonère pas de la responsabilité d'agir dès maintenant, de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.
Le non cumul est une mesure qui ne coûte rien, qui est populaire, qui est salutaire pour la démocratie. Le non-cumul est aussi une façon de respecter nos concitoyens, en nous consacrant pleinement à la mission qu'ils nous confient. C'est également une formidable occasion d'ouvrir et de dynamiser notre démocratie. Alors pourquoi attendre ?
http://www.mediapart.fr/club/edition/article/010909/parti-socialiste-et-si-commencait-par-le-mandat-unique
Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85% des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu'on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question. En revanche, je m'inquiète du fait qu'elle propose que cela ne s'applique qu'après les élections régionales. N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N'y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?
Avec le mandat unique, nous avons une occasion de traduire nos propos en actes sans attendre une prochaine hypothétique victoire en même temps que nous nous donnons les moyens de l'emporter aux élections à venir. En l'appliquant dès aujourd'hui pour la constitution de nos listes pour les élections régionales, c'est un véritable électro-choc que nous déclencherons, électro-choc sans doute indispensable pour remettre nos listes dans une logique de victoire, car nous savons bien que ces élections vont être très difficiles.
Premièrement, dans notre vision républicaine de la représentation, les élus n'ont pas de sexe, pas d'âge, pas d'appartenance sociale, pas d'origine, pas de couleur. Pourtant, notre parti - et les autres également - se ridiculise en payant des amendes parce que, ne respectant pas la parité hommes-femmes, il enfreint la loi qu'il avait lui-même fait voter. Si l'on exerce un seul mandat, au maximum trois fois de suite, cela libérera bien des places, et ne manquera pas de faire émerger de nouveaux candidats. Peut-être cela redonnera-t-il le goût de l'engagement et des responsabilités à ceux qui sont aujourd'hui éloignés de l'action collective. Notre parti mérite mieux qu'une moyenne d'âge supérieure à 55 ans, mieux que les maigres 5 % des moins de 30 ans, et beaucoup mieux que ces proportions anecdotiques en son sein d'ouvriers et de militants issus de la diversité.
Deuxièmement, le mandat unique pour les parlementaires, les présidents de Conseil général et de Conseil régional, et pour les maires des plus grandes villes, est une question de principe. Car, même si certains se sentent capables d'assumer 3 mandats, mieux que d'autres, un seul, nous sommes socialistes. Et, être socialiste, cela implique de partager le pouvoir, de la même manière que nous prônons le partage des richesses. C'est aussi une question de démocratie parce que tout le temps passé à autre chose qu'à son mandat est laissé aux services des collectivités ou de l'Etat. Mais les citoyens votent pour que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens le fassent à leur place, quand bien même ils soient très compétents.
Troisièmement, c'est une question de crédibilité. Comment continuer à défendre l'idée qu'il est meilleur qu'une seule personne exerce deux mandats à la fois, plutôt que deux personnes ; travaillant ensemble en bonne intelligence, exerçant chacune un seul mandat ? Comment croire qu'un Président de Région ou de Département, qui serait en même temps parlementaire, remplirait mieux les tâches que lui ont confiées les citoyens, que deux personnes assumant chacune un de ces deux mandats ? Comment penser que le montant des indemnités des parlementaires, des Présidents de la plupart des collectivités territoriales ne justifieraient pas un engagement à plein temps pour chaque responsabilité ? C'est une question de crédibilité également parce que la perspective d'inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne nous exonère pas de la responsabilité d'agir dès maintenant, de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.
Le non cumul est une mesure qui ne coûte rien, qui est populaire, qui est salutaire pour la démocratie. Le non-cumul est aussi une façon de respecter nos concitoyens, en nous consacrant pleinement à la mission qu'ils nous confient. C'est également une formidable occasion d'ouvrir et de dynamiser notre démocratie. Alors pourquoi attendre ?
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