Paru le 17 juin 2009, le rapport « pour des primaires ouvertes et populaires » rédigé par Olivier Ferrand et Arnaud Montebourg a, dans un premier temps, suscité peu de réactions. Ce n’est qu’au sortir de l’été, quand le fulminant député de Saône-et-Loire a menacé de quitter le PS s’il ne bougeait pas sur cette question que les primaires ont fait la une des médias et le devoir de rentrée des socialistes. Une fois de plus, le vent de la popularité sondagière a emporté les dernières réserves de la vieille garde solferinesque. Il est fort probable que les militants socialistes valident le 1er octobre prochain ce principe des primaires ouvertes sur lequel peu aurait parié il y a encore un an.
Pour les auteurs, ce n’est rien de moins qu’une révolution démocratique de la gauche, capable de sortir le PS de l’ornière politique dans laquelle il est embourbé depuis 2002. On peut douter de cette assertion sans pour autant négliger l’idée de primaires. La lecture de nouveau « petit livre rouge » finira d’ailleurs par emporter l’adhésion des plus sceptiques.
Après un retour sur les précédentes désignations des candidats socialistes à la présidence, les auteurs montrent les atouts (démocratisation du parti, engouement populaire) et les inconvénients (accès à la candidature très fermé, calendrier tardif, campagne courte et neutralisée, absence de moment fédérateur à l’issue du vote) de la dernière désignation interne de 2006.
Par la suite, la comparaison avec les modèles de primaires à l’étranger convainc de la nécessité de construire des primaires à la française qui s’inspirent plus de la primaire compétitive à l’américaine que de la primaire de légitimation à l’italienne ; pour une raison simple, nous n’avons pas de « leader naturel » à gauche aujourd’hui.
Quelles primaires à la française, alors ? Pour Ferrand et Montebourg, peu de doutes, elles doivent être ouvertes aux sympathisants, élargies à tous les partis de gauche qui le souhaitent avec un accès large à la candidature. Là où ils sont le moins affirmatif, cela concerne la procédure. Ils suggèrent en effet une primaire en deux phases : d’abord des éliminatoires puis un scrutin à deux tours. Les éliminatoires se dérouleraient en trois votes successifs sur la base de circonscriptions territoriales composés de dix départements limitrophes et différents à chaque vote, avec la nécessité pour le candidat de franchir la barre des 5% puis des 10% et enfin des 15% dans le troisième vote afin d’être qualifié pour la deuxième phase, celle du vote national à deux tours.
Si le procédé est complexe, il a le mérite d’entretenir une sorte de suspense sur une période assez longue ce qui oblige les candidats à dévoiler leur programme sans pouvoir rester dans une logique « d’image ».
Enfin, pour répondre à toutes les critiques, le dernier chapitre livre tous les arguments aux défenseurs du projet. Bref, un petit livre rondement mené qui répond largement à son objectif de départ : on est convaincu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire