mercredi 24 mars 2010

Conférence à Marseille à l'invitation du MRC local

Elle aura lieu le 13 avril à 19H au World Trade Center Marseille 2 rue Henri Barbusse 13001 Marseille

Pourquoi les hommes politiques ne comprennent-ils plus la société française ? Les changements profonds que la France a connus ont conduit à une rupture entre les élites et le Peuple. Une gauche enfermée dans les centres-villes a perdu le contact avec son électorat traditionnel populaire. Quelle est la géographie sociale de la France d’aujourd’hui ? Comment redonner un sens à une politique au service des couches populaires?

Tels seront les points abordés lors de cette conférence-débat en la présence du co-auteur du livre Recherche le Peuple désespérément et du Mouvement Républicain et Citoyen.

Cedric Matthews pour le MRC Comité de Marseille

http://www.mrc-comite-marseille.fr/article-conference-du-mrc-invite-jean-philippe-huelin-47278233.html

jeudi 18 mars 2010

L'irrésistible légèreté de l'électeur de gauche

Le scrutin de dimanche est une nouvelle preuve d’un phénomène qui frappe la gauche. Son électorat est devenu extrêmement volatil. Il passe d’une chapelle à l’autre au fil des scrutins. La prime revenant aux électeurs écologistes.

Comment le Parti socialiste est-il passé de 16,48% des suffrages aux européennes (jouant même des coudes avec Europe écologie) à 29,14% des voix (1) lors de ce premier tour des régionales ? Comment a-t-il pu attirer 5,8 millions de votants dimanche dernier avec en toile de fond une abstention record, quand ils n’étaient que 2,8 millions en juin 2009 ? Vote sanction à l’égard du gouvernement ? Vote utile bénéficiant au PS ? Démobilisation de l’électorat de droite ? Rémission du Parti socialiste sous la férule d’Aubry ? Prime aux sortants ? Il existe en vérité une multitude de raisons qu’éditorialistes et responsables politiques se sont empressés d’avancer. En voici une autre : peut-être que le PS — et plus généralement la gauche dans son acceptation la plus large — doit-il faire face à un phénomène moins visible, celui d’un électorat devenu volatil, un électorat SCF, Sans Chapelle Fixe.

Lire Badiou et voter Bayrou !

Pour Gaël Brustier, docteur en sciences politiques et auteur avec Jean-Philippe Huelin du livre Recherche le peuple désespérément (2), cet électorat de gauche qui ne sait plus vraiment où il habite (politiquement parlant, on s’entend) existe bel et bien : « Certains électeurs peuvent passer de François Bayrou à Ségolène Royal entre le premier et le second tour de la présidentielle puis à Europe écologie aux européennes et, aux régionales, finir au PS de Martine Aubry. Cet électeur-là est capable de lire Alain Badiou et, dans le même temps, de voter Bayrou ! » Cet « électeur-là » au tempérament plus qu’indécis, donnant le sentiment de choisir ses bulletins de vote comme des programmes télé, ne vit pas n’importe où selon Brustier : « L’ouvrier du Creusot qui votait à gauche pour un parti continuera à voter pour ce parti. L’électorat des villes-centres, lui, est d’une volatilité totale. Pour ses habitants, PS, Europe écologie, MoDem constitue un vote interchangeable. Cet électorat, qu’on pourrait appeler « bobo » pour caricaturer, est un électorat très infidèle. C’est une espèce de touche-à-tout. » Seule constante que cet électeur retrouvera finalement d’une chapelle à l’autre : l’opposition à Sarkozy. « Aujourd’hui, explique Brustier, ces électeurs font de l’antisarkozysme comme certains, par le passé, ont fait de l’antilepénisme. C’est une posture consensuelle, qui en appelle à la morale. »

Les années 1990, le tournant

Pour Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof, spécialiste notamment de la sociologie électorale et de l’écologie politique, cette inconstance propre au vote « bobo » « n’est pas impossible » : « Si l’on compare les résultats des municipales et des européennes, dans des arrondissements parisiens comme le 11e et le 18e, des arrondissements où les intellectuels peu fortunés peuvent encore se loger, c’est même relativement fondé. » Mais pour lui, le principe des « vases communicants » n'est pas nouveau. Il en veut pour preuve les régionales de… 1992 : « Le Parti socialiste était alors empêtré dans les affaires, notamment avec les lois d’amnistie. Il avait pris une claque et les écolos avaient fini très haut. » Selon Daniel Boy, les « années 1990 » marquent un tournant pour la gauche : « Les électeurs ont fait l’expérience de l’incapacité des politiques de nous sortir de la crise. Il en résulte la naissance d’un sentiment fort de déception. Cette déception favorise la bascule d’un scrutin à l’autre, la tentation de faire sortir les sortants. »

Europe écologie attire mais ne retient pas

La volatilité des électeurs écologistes est d’ailleurs sans doute la plus forte à gauche. C’est un fait. Même si tous les responsables d’Europe écologie s’échinent depuis dimanche à présenter leur formation politique comme une force désormais durablement installée dans le paysage. Ce sentiment était déjà palpable lors des élections européennes. La Fondation pour l’innovation politique avait par exemple noté qu’en juin dernier « 61% [de ses électeurs s’étaient] décidés dans la dernière semaine (contre 45% pour l’ensemble de l’électorat) ». S’ajoute à cela une sociologie très proche de celle décrite par Gaël Brustier : « 32% des cadres et des professions intellectuelles ont choisi des listes d’Europe Écologie, 24% des professions intermédiaires, 23% de ceux qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur. » Daniel Boy note même dans l’édition 2010 de L’état de l’opinion (3) que « le pourcentage de personnes ayant suivi des études supérieures est à peu près identique » à EE (61%) et au MoDem (62%) contre « 47% des électeurs socialistes ». Géographiquement aussi, raison est donnée à Gaël Brustier : « Les départements dans lesquels les écologistes réalisent leurs meilleurs scores sont d’abord ceux de la région parisienne (Paris, 27,5% ; Hauts-de-Seine, 20,7%) ».

Une récente étude menée par OpinionWay pour Le Nouvel observateur vient confirmer cette idée de l’électeur écologiste véritablement Sans Chapelle Fixe : seuls deux électeurs sur cinq d’Europe éco aux européennes (42%) ont en effet récidivé aux régionales ! 25% ont finalement glissé un bulletin estampillé PS tandis que 20% ont préféré rester chez eux ou voter blanc. Il faut ajouter à ces électrons très libres, quelques transgresseurs : 5% ont franchi le Rubicon et opté pour une liste de droite.

Enfin, dernière statistique relevée par Le Nouvel observateur : près d’un tiers (28%) des bulletins EE déposés dimanche dans les urnes l’ont été par des abstentionnistes aux européennes. Pour Denis Pingaud d’OpinionWay, cela « prouve qu’Europe Ecologie devient une marque d'attraction forte ». Certes EE attire, mais a tout de même bien du mal à retenir…

Daniel Boy voit dans ce phénomène de « passerelles » entre EE et PS « une certain cohérence » : « Aux élections européennes, certains électeurs ont eu des préoccupations environnementales et ont voté Europe écologie. Pour les régionales, ils ont eu des préoccupations sociales, ils ont voté socialiste. » Mais il précise que la volatilité de l’électeur écologiste ne date pas de la création d’Europe éco. Elle est presque historique : « Le taux de reproduction du vote écologiste, explique-t-il, est moins important que pour les partis très implantés comme peuvent l’être le PS ou le FN ».

Electeurs voyageurs car programmes indifférenciés ?

Reste à savoir s’il est possible pour les formations de gauche, à commencer par le PS, de fixer cet électorat. Daniel Boy n’y croit pas. Pourquoi les électeurs cesseraient de changer de crémerie quand les partis politiques, eux-mêmes, n’hésitent pas à aller piocher certaines thématiques (voire certains candidats) au-delà de leur périmètre traditionnel : « Les politiques babillent beaucoup. Il n’y qu’à voir l’opération “développement durable” menée par la droite ! » En clair, pourquoi les électeurs poseraient leurs valises dans une chapelle plutôt qu’une autre puisque toutes se ressemblent de plus en plus… Gaël Brustier n’y croit pas non plus. Le PS, selon lui, n’y a de toute façon aucun intérêt : « L’enjeu pour le PS n’est pas de fixer ce vote “bobo”. L’enjeu pour lui est de reconquérir le vote populaire. Mais pour cela il lui faudra faire des efforts intellectuels » et notamment « adopter une position claire et nette par rapport au libre-échange ».

Le PS est-il prêt à consentir à de tels « efforts » ? Ses responsables auront peut-être en tête que cette volatilité peut avoir un avantage majeur : permettre d’importants reports de voix au second tour comme le montre l’étude Ifop pour Profession politique réalisée pour le scrutin de dimanche prochain. Des réserves de voix qui font tant défaut à Nicolas Sarkozy depuis qu’il a eu cette judicieuse idée d’incorporer Chasseurs et troupes de Philippe de Villiers au sein de l’UMP…

(1) Selon les chiffres du Monde très différents de ceux du ministère de l’Intérieur…
(2) Recherche le peuple désespérément, Bourin éditeur, octobre 2009.
(3) L’état de l’opinion, TNS-Sofres aux éditions du Seuil, mars 2010.

Gérald Andrieu - Marianne | Jeudi 18 Mars 2010
http://www.marianne2.fr/L-irresistible-legerete-de-l-electeur-de-gauche_a189842.html?preaction=nl&id=5907737&idnl=25905&

mercredi 17 mars 2010

Gaël Brustier analyse le premier tour des régionales

Gaël Brustier analyse les ruptures apparues entre les élites et le peuple depuis une trentaine d'années. Pour Marianne2, il analyse les résultats des régionales.

Première partie: l'abstention.


Docteur en sciences politiques, Gaël Brustier est l'auteur avec Jean-Philippe Huelin du livre Recherche le peuple désespérément chez Bourin éditeur. Il analyse les ruptures apparues entre les élites et le peuple depuis une trentaine d'années. Il relativise le succès de la gauche et l'installation d'Europe écologie comme troisième force politique du pays, interroge l'état de la gauche de gauche. Prudent sur la fin du mirage sarkozyste, il envisage tout de même la possibilité d'une alternance de gauche à Sarkozy, sans véritable alternative politique...

Marianne2: Quelle analyse faîtes-vous de ce premier tour notamment du point de vue des catégories populaires ?

Gaël Brustier: L’impression qui domine c’est que l’électorat populaire de droite a déserté les urnes mais en déduire que la gauche a récupéré cet électorat, ce serait aller vite en besogne. Il y a une forte démobilisation. La gauche n’a pas mordu sur l’électorat de Sarkozy. Elle peut se retrouver le bec dans l’eau dans deux ans. Maintenant c’est un fait que l’UMP, plus que Sarkozy d’ailleurs, a perdu son électorat populaire. Quand on regarde les taux de participation en Ile de France, on constate que les quatre candidates UMP, ces femmes bourgeoises, que l’on voyait partout en photo dans la presse, qui faisaient la campagne n’ont suscité aucune adhésion.

Quel sens donnez-vous à cette abstention, Mélenchon évoque « l’expression d’une insurrection civique », d’autres parlent d’une indifférence à la politique ?

Il y a toute une France qui a du mal à maintenir le nez hors de l’eau. Les CCAS (Centre communal d'action sociale) sont submergés. Quand vous êtes au RMI et qu’on vous demande de voter pour faire élire quelqu’un qui va toucher 2500 euros d’indemnités.... Souvent déjà des barons locaux.... Il faut être motivé. Pour autant, les catégories populaires ne sont pas dépolitisées. C’est une abstention volontariste. Mélenchon n’a pas tort, il y a forte une demande de politique pour répondre à cette angoisse de la fin du mois et de fin du monde. Mais il ne souffle pas le vent de l’histoire sur les régionales.

http://www.marianne2.fr/G-Brustier-1-il-s-agit-d-une-abstention-volontariste!_a189818.html


Deuxième partie : l'état de la gauche

Dans le détail, dans quel état est la gauche ?

Gaël Brustier: Le PS n'a pas gagné cette élection. Il ne parvient pas à reconquérir l'électorat populaire. Quand on regarde les taux de participation aux marges de Paris, c'est très faible. Ségolène Royal y est un peu parvenue dans sa région. C'est pourtant cette catégorie de population qui fera la décision en 2012.
Le NPA a chuté sur l’histoire du voile. Il y a eu une démobilisation massive. Le Front de gauche fait un bon score nationalement, mais les espaces périurbains n’adhèrent pas à ce discours de la gauche de gauche. Ils font 6,4% dans le 3è arrondissement et 5,7% dans le Val d’Oise…
On parle beaucoup du score d’Europe écologie, intronisé troisième force politique du pays. Il ne représente que 6% des électeurs. C’est un électorat très friable et très « ville-centre ».
Il y a toute une France que les intellectuels de système ne veulent pas voir. La gauche ne parvient pas à leur parler. Du côté du PS, Ségolène Royal y est un peu parvenu.

Vous soulignez la déconnexion de la gauche et du peuple. Y-a-t-il une prise de conscience à gauche de cette déconnexion ?

Il y a un début de prise conscience transversale. Chez les proches de Royal et d’Aubry, au PC, même chez Europe Ecologie avec quelqu’un comme Stéphane Gatignon. Mais, ils n’ont pas réussi à faire faire à Duflot la campagne qu’elle aurait dû faire pour gagner. L’idée d’un tarif unique du pass Navigo était excellente. Mais très vite, ils retombent dans leurs travers bobos-urbains sur le thème : « il faut pas désespérer Montorgueuil ».
Pour revenir au PS, c’est un parti qui est encore beaucoup trop connecté à la sociologie de la nouvelle synthèse socialiste. Ceux qui résistent sont ceux qui « pensent savoir ». Par exemple Delanoë a une vraie difficulté à appréhender la France périphérique.
La seule question que doit se poser ce parti, c’est celle de l’égalité, c’est la seule thématique qui pourra rassembler à gauche 30 à 35% des inscrits. Tant que les partis de gouvernement s’appuieront sur des bases électorales de 10 à 15% des inscrits, ce pays sera ingouvernable.

http://www.marianne2.fr/Brustier-2-Europe-ecologie-ne-veut-pas-desesperer-Montorgueil_a189821.html?com#comments


Troisième partie: l'avenir de Sarkozy et de la gauche.

Est-ce que cette élection sonne la fin du mirage sarkozyste ?

Gaël Brustier: Je n’en suis pas sûr. Sarkozy n’est pas stupide. Personne ne s’opposera à lui à l’UMP. Il est bien entouré. Je ne parle pas du gouvernement mais de ses conseillers. Tant que Buisson et Guaino seront à la manœuvre, il peut retourner la situation. Ces deux là sont d'une astuce redoutable. Il y a une droitisation que la gauche ne veut pas voir et cet électorat sarko-lepéniste qui s’est éloigné de lui à l’occasion de ces régionales, il n’aura pas grand mal à le récupérer lors des présidentielles. Les régionales ne sont pas des élections très politiques. Contrairement à ce qu’il se dit, le débat sur l’identité nationale a été plus utile à la droite qu’on le prétend. La gauche est retombé dans ses vieux travers, les réflexes pavloviens des années 80, criant immédiatement à l’anti-racisme. Et aujourd’hui la ligne du PS ne permet pas la reconquête des électeurs d’en face.

Dans votre livre vous espériez une alternative avec l’émergence d’une coalition sociale majoritaire. Ça progresse ?

C’est difficile. Il y a un frémissement, le vieux monde ne veut pas mourir. Mais des éléments de l’ancien monde prennent conscience des choses. Est-ce que pour autant la gauche saura construire un programme, un projet, un discours d’ici à 2012 ? Je crois assez à l’hypothèse Prodi 2006. Une gauche sans véritable programme alternatif victorieuse sur le fil mais sous la pression culturelle permanente de la droite. D'où une véritable difficulté à gouverner dans la durée.

http://www.marianne2.fr/Brustier-3-en-2012,-nous-risquons-une-issue-a-la-Prodi_a189822.html?preaction=nl&id=5907737&idnl=25906&

mardi 16 mars 2010

Assemblée générale de l'UFAL le 27 mars 2010


Je participerai à un débat sur la nouvelle donne géo-sociologique en France au cours de l'Assemblée générale de l'Union des FAmilles Laïques le 27 mars prochain à Paris.

Conférence à Sarreguemines le 26 mars


Je serai à Sarreguemines, en Lorraine, le 26 mars pour parler de "Recherche le peuple désespérément" à l'invitation d'un collectif de gauche né pendant les dernières élections municipales.

mercredi 10 mars 2010

Elections régionales : le PS semble retrouver le peuple

La gauche a-t-elle retrouvé le peuple ? Trop tôt pour le dire. Néanmoins, les sondages des régionales montrent que dans de nombreuses régions, c'est grâce à l'électorat des ouvriers et des employés que le Parti Socialiste creuse l'écart. Reste désormais au PS à se reposer la question sociale pour s'adresser à cette France des oubliés.

Vingt ans ! Vingt ans que le peuple s'éloigne de la gauche. C'est en 2002 que le PS touche le fond: 13 % des chômeurs et 11 % des ouvriers seulement votent pour le candidat du PS. Le PCF obtenait alors 1% des voix ouvrières contre plus de 30 % pour Jean-Marie Le Pen. Difficile de tomber plus bas. Une histoire électorale analysée dans le livre de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin intitulé Recherche le peuple désespérément.

En 2007, Royal fait un score honorable à l'élection présidentielle sans parvenir à réconcilier les classes populaires avec le parti socialiste. Au premier tour, Jean-Marie Le Pen engrangeait 24% du vote ouvrier. Royal dépassait à peine Nicolas Sarkozy ( 20%) et François Bayrou (17%). Le PS avait négligé cette France des oubliés, censée avoir disparu, qui constitue encore 14 millions de personnes, soit un quart des électeurs. Après trois ans de gestion sarkozyste, c’est la droite qui paye la facture de sa gestion et le Front national a, moins que par le passé, cette fonction de vote « recours » ou vote « sanction ».

Sarkozy absent des tribunes, le constat est sévère, il était le seul à être capable de faire gagner son camp. Les candidats aux régionales n’ont pas « l'audace » d’en appeler à la mémoire de Jaurès pour vanter les mérites d’une quelconque politique de transports collectifs. De la même manière qu’ils évitent soigneusement les références grossières à une culture ouvrière qui leur ouvrirait l’accès aux voix des masses populaires, alors que les usines ferment les unes après les autres.

Les sondages font apparaître un net retour à gauche du vote des ouvriers et employés avec des scores frisant les 70% au premier tour à gauche (de Lutte ouvrière à Europe écologie) et une moyenne de 35%, parfois 40%, pour le PS. La prudence reste de mise car déjà en 2007, sondeurs et politologues divers voyaient un reflux du vote ouvrier-lepéniste en faveur du PS.

Des candidats UMP délaissés par les classes populaires

En Poitou-Charentes, c’est clairement sur cette catégorie de population que Royal creuse l’écart par rapport à ses concurrents du premier tour: 46% de vote chez les employés (84% pour l’ensemble de la gauche) et 37% chez les ouvriers (65%) .
Au second tour, la performance est encore plus remarquable. Le score est sans appel : 58% chez les ouvriers et 85% chez les employés. Bussereau est KO debout.
L’adhésion des classes populaires est sensiblement la même en Aquitaine. Chez les employés et les ouvriers Xavier Darcos affiche un retard de plus de 35 points ( !) sur Alain Rousset du PS.

Dans le nord, la présence de Marine Le Pen en cas de triangulaires change la donne. Chez les employés, le candidat PS Daniel Percheron fait carton plein avec 77% des voix (20% pour Valérie Létard de l’UMP et 3% pour Marine Le Pen). En revanche, Marine Le Pen recueillerait 30% du vote ouvrier devançant nettement Valérie Létard (17%). Daniel Percheron plafonne alors à 53%.

L’île de France est un cas à part, si Jean-Paul Huchon creuse nettement l’écart au second tour avec Valérie Pécresse. le vote de l’électorat populaire n’apparaît pas comme déterminant. Hormis chez les « artisans, commerçants » et les « professions libérales », Huchon devance toujours de près de 20 points sa concurrente.

Exclu du PS, en cas de triangulaires, Georges Frêche creuserait l’écart sur une liste PS ou Europe-Ecologie grâce au vote ouvrier, à celui des « inactifs » certes, mais aussi nettement grâce aux votes des professions libérales et cadres supérieurs. Bref, pas tout à fait raccord avec l'image de pur « popu », anti-élites, anti-parigots qu’il aime à donner de lui.

La gauche a-t-elle retrouvé le peuple ?

Comme le référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, ces élections régionales pourraient voir l’amorce d’une repolitisation des classes populaires. Mouvement déjà observé, lors des…régionales de 2004 où « les ouvriers sont clairement revenus à gauche » comme l’expliquait alors le chercheur du Cevipof Vincent Tiberj.

La rupture de la gauche avec l’électorat populaire semblait consommée. Sarkozy a réussi la performance de réconcilier la gauche et le PS avec son électorat historique. Il serait prématuré pour autant de dire que la gauche a regagné le « peuple ». Le PS, parti de notables, n’a pas beaucoup plus de choses à dire à ces catégories de populations qu’en 2002 ou 2007 et le « peuple » est, sur un plan électoral, une force de plus en plus indomptable et imprévisible. Une certitude cependant selon Gaël Brustier, docteur en science politique : «ce sont les classes populaires qui feront l’élection de 2012».

Régis Soubrouillard
Mercredi 10 Mars 2010
http://www.marianne2.fr/Elections-regionales-le-PS-semble-retrouver-le-peuple_a189724.html

Le salaire maximum : deux sites web

Mon camarade de lutte, David Poulin-Litvak, signe ici une tribune sur un site québécois qui parle de notre site, "Pour un salaire maximum", et de celui de Sam Pizzigati aux Etats-Unis. Il ne parle pas encore de son propre travail... Le mouvement s'internationalise !

J’aimerais attirer l’attention des lecteurs de Vigile sur deux sites web étrangers qui traitent de la question des inégalités.

Le premier s’intitule "Pour un salaire maximum !" C’est un site français, très bien fait, qui fait une revue de presse sur la question du revenu maximum et du salaire maximum en France. Tous les articles sont en français, et l’éditeur, Jean-Philippe Huelin, a réussi à faire le tour, je crois, de tout ce qui se fait ou se dit dans le domaine sur le web francophone - incluant la sorti d’Yves Michaud, que j’ai découverte via son site... c’est tout dire ! Le mouvement pour un salaire maximum/revenu maximum en France est très vigoureux, et très prometteur. Comme vous pouvez vous l’imaginez, chaque Français semble avoir sa petite idée sur le sujet... ce qui a bien l’avantage d’alimenter le débat.

Le second est le site Too Much sur les inégalités aux États-Unis. Sam Pizzigati, ex-éditeur du monde syndical américain, fait un commentaire de type journalistique sur le sujet, le plus souvent suivi de la revue d’un livre ou d’une publication académique. Ceux qui lisent l’anglais et qui s’intéressent au sujet peuvent aussi s’abonner à son excellent webzine et le recevoir par courriel. C’est gratuit, bien sûr, mais la qualité est toujours au rendez-vous. Pizzigati est aussi l’auteur du livre "Greed and Good" où il reprend magistralement les grands jalons de l’histoire fiscale des États-Unis et défend lui aussi l’idée de salaire maximum. Le livre est également disponible gratuitement dans sa version en ligne.

L’idée de salaire maximum resurgit périodiquement, dans les phases de crises économiques graves, comme la dépression qui s’entame aux États-Unis, et durant les guerres majeures. Huey Long, gouverneur de Louisiane et sénateur américain, a été l’un des premiers à fonder un projet politique sur cette idée, durant la Grande Dépression. Il fut assassiné, signe certain qu’il avait de bonnes idées ! L’idée a essentiellement hiberné pendant cinquante ans, avant d’être réintroduite et dans le débat académique et progressiste, lentement, en monde anglo-saxon, et de resurgir, semble-t-il spontanément, outre-Maritimes, chez nos cousins français.

C’est une idée sur laquelle je vous invite à vous pencher, le meilleur moyen étant, pour l’instant, de faire un tour électronique sur les deux sites susmentionnés, de s’abonner au webzine de Pizzigati et de se procurer son livre ou de le consulter gratuitement en ligne.

David Poulin-Litvak
9 mars 2010
http://www.vigile.net/Le-salaire-maximum-deux-sites-web

jeudi 4 mars 2010

Conseiller de la gauche...


Belle distinction que celle de Marianne2 ! Se retrouver au milieu d'Emmanuel Todd, Jacques Sapir ou Frédéric Lordon...comme dirait un ancien président de la République : "Cela fait quelque chose!"

http://www.marianne2.fr/Si-la-gauche-cherche-des-conseillers,-en-voici-!_a189627.html