lundi 13 juillet 2009

Védrine 2012, et si la solution pour la gauche, c'était lui !

Hubert Védrine candidat à la présidentielle de 2012 ?

A une époque où il est devenu évident que des élections aussi importantes que les prochaines présidentielles de 2012 vont se jouer en partie sur internet, je me suis livré à un petit jeu. J’ai voulu savoir qui, parmi les personnalités du PS , avait déjà réservé son nom de domaine sur le web.

C’est en faisant cette recherche que je suis tombé sur des choses un peu surprenantes. Je m’attendais en effet à trouver un ou plusieurs domaines réservés par Manuel Valls, l’un de ceux qui, au parti socialiste, a le plus clairement annoncé son envie de se présenter. Et bien, de valls2012.fr ou de manuelvalls2012.org, rien n’est pris. Avis aux amateurs…

Pour Ségolène Royal, tout est pris. strausskahn2012.fr existe déjà alors que dominiquestrausskahn2012.fr est disponible.martineaubry2012.fr existe déjà. fabius2012.fr existe lui aussi. Jusque là, rien de vraiment étonnant.

Là où j’ai été surpris, en revanche, c’est en découvrant que tous les domaines au nom d’un candidat jusque là totalement improbable, Hubert Védrine , avaient été réservés : vedrine2012.fr, vedrine2012.org, vedrine2012.net, hubertvedrine2012.fr, hubertvedrine2012.org, hubertvedrine2012.net

L’ancien ministre des affaires étrangères de Mitterrand, celui que l’on n’entend pas très souvent s’exprimer (et, lorsqu’il le fait, c’est plutôt pour dire des choses intelligentes), aurait décidé de se lancer dans la course présidentielle de 2012 qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Évidemment, ces réservations sur internet ne constituent pas à elles seules une déclaration de candidature, mais je dois avouer que j’ai trouvé cela troublant.

Affaire à suivre…


Par rachida datrty, le 08/07/2009
http://www.lepost.fr/article/2009/07/08/1612112_hubert-vedrine-candidat-a-la-presidentielle-de-2012.html

dimanche 12 juillet 2009

La gauche française s'endort dans les bras de l'Europe, par Gaël Brustier

La gauche française s'est-elle dissoute dans la social-démocratie européenne? Sans doute, selon Gaël Brustier, à moins qu'elle n'ait le courage de dépasser l'éternel clivage entre première et deuxième gauche.

La Gauche française est-elle perdue dans le triangle des Bermudes de la social-démocratie européenne finissante ? Avec frénésie elle s’est emparée des dernières croyances à la mode, avec passion elle rejoue sans cesse des débats du passé et dépassés, avec aveuglement elle s’est détournée des questions qui, pourtant, pourraient l’amener à devenir dominante dans le pays.

Dans la période actuelle, le pis-aller écolo-centré, qui voit se substituer dans le panthéon de la Gauche, un photographe héliporté et un animateur télé en ULM à Jean Jaurès ou Lucien Herr, laisse pantois. La dernière des religions – l’écologisme millénariste télégénique – est pourtant la négation du politique. Assénant une morale de missionnaires et d’Inquisiteurs, elle délaisse le terrain du concret pour s’en remettre à la contrition, aux indulgences et à la mortification. Idéologie a-conflictuelle, la religion verte peut pardonner au pécheur mais ne remet jamais en cause les fondations du système économique actuel. Evidemment, contester la nouvelle théologie verte n’exclue pas de se poser quelques bonnes questions relatives au mode de production et de consommation frénétique des sociétés du Nord et de discuter des éléments de décroissance qu’il devient urgent de mettre en place. La crise environnementale existe mais elle est aussi, dans le monde, la conséquence de formes de domination. On n’a jamais combattu l’injustice par l’établissement d’un ordre moral plus contraignant. Les listes « Europe Ecologie » ont eu ceci de particulier qu’elles ne s’en prenaient à personne : ni au lobby de la chimie, ni à un libre-échange destructeur ni enfin à la frénésie consumériste, apparemment légitime pour peu qu’elle soit verte… Pour la Gauche, l’enjeu n’est pas de participer à ce Te Deum cohn-bendiste mais à conflictualiser (enfin !) le combat environnemental et en faire un vecteur d’émancipation.

On ne peut cependant, confessons-le, reprocher au citoyen de préférer défendre les ours polaires que les éléphants de Solférino. D’autant que ces derniers rejouent à l’infini des saynètes déjà maintes fois produites dans ce théâtre d’ombres qu’est la vie politique française. Le clivage entre première et deuxième gauche est ainsi devenu complètement obsolète. A chaque Congrès du PS, on nous prédit une réédition du Congrès de Metz de 1979. Au fond, si la première gauche n’a pas réussi à véritablement supplanter la deuxième c’est parce qu’elle s’est interdit de penser la société, et si cette dernière ne s’est pas substituée à la première c’est parce qu’elle a refusé de penser la nation. Dans cet éternel match nul entre deux Gauches, on a gagné un jeu de postures, une concurrence effrénée des écuries présidentielles et perdu autant d’intelligence collective que d’électeurs. Presque consécutivement, l’Europe est devenue un mythe de substitution, alternativement palliatif ou sédatif…

L’Europe est en effet l’autre débat qu’il faut enfin dépasser. A l’instar d’Hubert Védrine, osons enfin affirmer que « les controverses générales sur l’Europe sont épuisées depuis le référendum de 2005 ». Il faudrait à la Gauche le courage d’accepter une évidence : la nation est le seul espace pleinement civique. Il lui faudrait aussi la témérité d’accepter que l’Europe soit ce qu’elle doit être : une forme de cosmopolitisme qui n’a aucunement vocation à se substituer aux nations ni non plus à devenir un ensemble fédéral. C’est un effort à faire pour tenants du « oui » à la Constitution européenne qui, dans leur ensemble, ne renoncent encore pas à s’en remettre à une vision idéalisée de l’Europe et justifient ainsi la seule Europe réellement ressentie, celle du droit de la concurrence et du libre-échange. Ceux du « non » quant à eux, en se remettant à une hypothétique « constituante » européenne ne rendent pas service non plus au débat public en avançant des hypothèses plus franco-françaises que véritablement réalistes.

Pour en sortir, la Gauche française doit savoir aborder quelques problèmes fondamentaux : quelle analyse commune de la géopolitique mondiale peut-elle dégager ? Quelle analyse de la mondialisation en découle ? Quel sort réserve-t-elle au libre-échange ? Comment entend-elle se préparer aux potentielles crises monétaires de demain (chute du dollar et/ou explosion de l’Euro) ? Sur cette base quel projet de société a-t-elle la volonté de bâtir : comment conçoit-elle l’égalité ? Veut-elle en faire le facteur de mobilisation des trente prochaines années ? A ces questions, il devient urgent de répondre.

Gaël Brustier - Essayiste | Dimanche 12 Juillet 2009

jeudi 9 juillet 2009

Salut, Camarade !



Régionales : oser y aller seul pour le PS. Réponse à Harlem Désir

Dans une tribune datée du 6 juillet (http://www.rue89.com/2009/07/06/regionales-unir-gauche-et-ecologie-des-le-premier-tour), Harlem Désir, secrétaire national du PS et proche de Bertrand Delanoë, analyse le scrutin européen et propose une « union Gauche-Ecologie autour d’un grand projet commun ». Incohérences, propos convenus et inconséquences stratégiques sont au rendez-vous. A l’image du PS d’aujourd’hui ? Espérons que non !

Erreurs d’analyse sur l’état de la gauche

Il y a un raccourci dont sont victimes bon nombre de commentateurs politiques depuis les élections européennes : celui d’absorber le vote Europe-Ecologie dans le vote « de gauche », comme si les plus de 16% obtenus par les listes menées nationalement par Daniel Cohn-Bendit ne rassemblaient que des électeurs de gauche. Il est d’ailleurs fort malséant de poser le problème. Cachons ce sein… Pourtant il y a bien une illusion d’optique. Il est certain, et j’en connais beaucoup, que des électeurs, habituellement plutôt de droite ou du centre, ont voté pour ces listes en raison de la crise environnementale chaque jour mieux décrite par les médias et plus perceptible dans notre quotidien. Ces électeurs deviennent-ils pour autant « de gauche » ? Pour ceux qui l’étaient, on peut même aller jusqu’à se demander si ce vote ne serait pas une sorte de « sas de sortie (provisoire ou définitif) de la gauche », comme le fut déjà le vote Vert à la fin des années 1980 (avec le résultat que l’on sait en 1993). Il n’est qu’à voir la célérité du locataire de l’Elysée à mettre en avant Jean-Louis Borloo pour se demander si ce n’est pas la droite qui pourrait tirer le mieux les marrons du feu !

Sur une autre question, mon camarade Harlem prend ses désirs pour des réalités : la nature de la crise du PS « force centrale de la gauche ». Pour lui, cette force ne tient pas aux idées, mais à « ses élus », grâce à ses villes, départements et régions conquises depuis 2001. Au contraire, pour ma part, je pense que ces nouveaux barons du PS sont une difficulté de plus pour reprendre le pouvoir d’Etat en 2012 car ces derniers se contentent très bien d’une forme de partage du pouvoir : à Sarkozy et la droite néolibérale le pouvoir d’Etat, à la gauche socialiste les collectivités territoriales pour adoucir les misères produites par les premiers. Pour le PS cela confine au slogan : Non-pensée globale, panser local ! Le poids de ses barons pèse d’ailleurs grandement sur le fonctionnement du PS ; les présidents de conseils régionaux socialistes ont obtenus que le national ne fixe pas de ligne aux élections régionales de 2010 qui pourrait entrer en collision avec les petits arrangements locaux…

Changement dans la continuité

Cette antienne du « changement à gauche » confine à l’antiphrase à force de rabâchage. Comment et pourquoi les mêmes feraient-il aujourd’hui ce qu’ils n’ont pas été capables de faire hier ? Harlem Désir, comme beaucoup d’autres camardes, fait et a fait depuis longtemps dans le passé partie de toutes les majorités au PS. Chers camarades, on ne vous croit plus !

D’autant plus finalement que le grand dessein du PS d’Harlem se limite à reconstituer une gauche plurielle new look où le PS, dont le poids à gauche est tendanciellement plus faible qu’en 1997, réussirait à imposer la mise en retrait de ses alliés dans une vaste union dès le premier tour et cela à son seul profit ! C’est un peu gonflé, peu de chances que cela fonctionne. Le respect des alliés, ce n’est pas que des mots ! Si nos dirigeants n’ont retenu que cela depuis 2002, c’est à pleurer !

Stratégie : y aller seul au 1er tour en 2010 pour tenter de renaître


On ne gagnera pas en 2012 en se camouflant en 2010. Les dirigeants du PS semblent vouloir instrumenter nos alliés afin qu’ils deviennent les arbres qui cachent le désert socialiste. Mais le PS, en se dissimulant derrière « la Gauche », ne va-t-il pas mourir étouffé à être ainsi trop bien caché ? Je pense en revanche qu’il est encore temps d’assumer nos échecs successifs : 2002, 2005 sur la question européenne déjà, 2007 ainsi que ces récentes élections européennes de juin 2009. Le PS doit se poser la question de son existence, c’est-à-dire de son utilité dans le paysage politique actuelle. Soit il préfère investir dans les retraites de ses actuels barons locaux et il connaitra le même sort que le Parti Radical ou la SFIO, soit il retrouve l’esprit d’Epinay et il renaît de ses cendres. Pour cela, et rapidement, le PS doit : retrouver le peuple dans son organisation et dans les urnes, penser la globalisation autrement qu’heureuse, penser l’Europe autrement que comme idéologie de substitution au socialisme, définir une stratégie de prise du pouvoir en 2012. Mitterrand a failli réaliser en 1974 les promesses de 1971, il n’est donc pas trop tard !

Pour gagner, le candidat soutenu par le PS devra compter sur un parti fort, respecté par ses alliés donc respectable. Pour retrouver cette dignité perdue, le PS devrait commencer par se présenter sous sa propre bannière (le poing et la rose) au premier tour des régionales de 2010 ! De grâce, ne confondons pas les européennes à 1 tour et les régionales qui en ont 2. Il sera toujours temps de faire des alliances de gestion au sein de la gauche (élargie ?) entre les deux tours de scrutin. Pour l’heure, le PS ne peut plus se cacher, il doit se mettre un grand coup de pied au cul…ou mourir.

Jean-Philippe HUELIN

jeudi 2 juillet 2009

Régionales : le PS parle-t-il français ?, par Jean-Philippe Huelin

Les élections régionales arrivent en galopant. Mars prochain, et le PS cherche sa tête, cherche ses pieds, cherche ses mains. Pas de projet commun, et des slogans malheureux. Qui échouent à parler la même langue que les électeurs.

Que reste-t-il de l’autorité du Premier secrétaire national du PS ? Martine Aubry sera en première ligne au soir des élections régionales de mars prochain, d’autant plus si la performance de 2004 n’est pas rééditée (ce qui semble vraisemblable), et pourtant elle n’est pas parvenue à fixer un cadre national à ces élections si importantes dans la perspective de 2012. Elle voudrait bien mais elle ne peut point…

A-t-elle seulement essayé face aux vingt présidents socialistes de conseils régionaux qu’elle rencontrait récemment ? Elle voulait un « projet commun », on se limitera à un « programme de 4 à 8 propositions », elle souhaitait « définir nos alliances électorales », elle concède des alliances à la carte, ouvertes au MoDem dès le premier tour. Bref, les barons régionaux du parti ont obtenu la très large autonomie qu’ils exigeaient. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait l’emprise croissante et destructrice des féodalités d’élus au sein du PS. Bien plus encore, et cela est moins relevé par les commentateurs, elle a renoncé à ce qui fait office d’armistice permanent, l’équilibre des courants dans l’élaboration des listes, au risque de plonger encore un peu plus le PS dans une logique de guerre civile interne où tous seraient toujours candidats à tout et contre tous.

De projet mobilisateur, il est vrai, elle n’en a finalement que bien peu à proposer. Il suffit de prendre l’exemple de la formation professionnelle, compétence éminente des conseils régionaux, pour mesurer l’étendue des incompréhensions entre le PS et le peuple. Les dirigeants socialistes n’imaginent pas les effets ravageurs dans les couches populaires de leur slogan « la formation tout au long de la vie », bien vite traduit au coin du zinc par un « vous êtes et vous serez toujours des nuls » de bien mauvais aloi pour séduire l’électeur. De même, les programmes de sécurisation des parcours professionnels sont plutôt un signe d’insécurité sociale pour les ouvriers qui les subissent : une formation payée par le conseil régional alors que l’entreprise met ses ouvriers au chômage technique, cela sent plus l’accueil du Pôle emploi à la rentrée que la sortie de crise…

De stratégie le PS n’en a en fait qu’une seule : oser y aller seul. L’alliance à la carte au premier tour, différente donc selon les régions, rend la situation politique illisible. Le PS donnerait en outre l’impression de se cacher derrière d’introuvables alliés (les Verts iraient bien seuls, le PCF semble pencher pour des listes « gauche de la gauche » avec le NPA et le PG) comme pour camoufler son déclin électoral. Seul au premier tour, le PS préparerait cependant les conditions d’un grand accord exceptionnel pour le second tour afin de créer une dynamique de rassemblement. Plus fondamentalement, s’il veut survivre, le parti de Jaurès devra renouer avec les couches populaires, changer radicalement de positionnement et de discours, faire émerger un réel renouvellement des cadres et enfin inscrire ces élections régionales dans un programme politique de reprise du pouvoir d’Etat. En est-il capable…

Jean-Philippe HUELIN, militant socialiste dans le Jura

http://www.marianne2.fr/Regionales-le-PS-parle-t-il-francais_a181413.html