samedi 22 septembre 2012

Invité à l'université du MRC à Belfort

Table ronde n° 3 : Les Français et la gauche: géographie électorale et politique au lendemain des élections 

La séquence électorale a montré une évolution de la géographie du vote des Français. France de l’Est, France de l’Ouest, France des champs, France des villes. Des Lignes de fractures divisent le pays et dessinent des contrastes parfois saisissants. Au vote des centres urbains, majoritairement à gauche, s’oppose un vote des champs, très ancré à droite et même à l’extrême droite. Si ce phénomène était déjà apparu précédemment, il s’est très largement accru en 2012. La crise de la mondialisation permet-elle de l’expliquer ? Où sont les couches populaires ? Qu’ont-elles voté ? A quoi ressemble le nouvel électorat de la gauche ?

Intervenants : Catherine Coutard, secrétaire nationale du MRC,
Jean-Yves Autexier, ancien parlementaire
Jean-Philippe Huelin, professeur d’Histoire-Géographie

Jean-Philippe Huelin, originaire de Belfort, ancien militant MRC, était suppléant d’un candidat MRC dans la 1ère circonscription du Jura (il est professeur d’histoire-géographie à Lons-le-Saunier), ce qui lui a valu d’être exclu du PS. Il est membre d’un collectif Internet Gauche populaire qui milite pour une gauche proche des couches populaires (ouvriers et employés, qui rassemblent depuis 50 ans environ 60 % de la population active en France). Il s’inspire des travaux publiés par le géographe Christophe Guilluy (les fractures territoriales françaises, la fable de la mixité urbaine).

Au centre des grandes agglomérations : la France intégrée à la mondialisation. A la périphérie : la France de la contestation. Le prix de l’immobilier est un repoussoir pour les couches populaires. Dans les centres, il n’y a plus de mixité sociale, et la gauche a beaucoup de mal avec la périurbanisation (les pavillons). Historiquement, les grandes villes étaient en harmonie avec leur arrière-pays. Actuellement, elles sont tournées vers l’international. Le mythe des classes moyennes (collaboration de classes) a explosé. Le sentiment de déclassement est très répandu. Le vote FN se glisse dans ces interstices où la République est peu présente. Lors des élections 2012, les centres ont voté Hollande, le périurbain a glissé vers la droite et l’extrême droite. Le collectif Gauche populaire met l’accent sur le périurbain et le rural, là où sont les couches populaires, parce que c’est moins cher, et la pauvreté ne se voit pas.

Répondant aux questions, le coauteur (avec Gaël Brustier) du livre "Recherche le peuple désespérément" a complété ses propos concernant l’excessive et coûteuse urbanisation pavillonnaire (qui correspond au désir des Français, mais il faut re-densifier les villes), la difficile reconquête du rural par la gauche (Marine Le Pen gagne des voix en milieu rural grâce à son discours plus social) et la "gauche populaire", qui n’est pas liée au PS et est un groupe sans existence matérielle, pour le moment.

 Merci pour ce fidèle compte-rendu à Michel Sorin