mardi 29 septembre 2009

Série sur l’impossible rénovation interne du PS (4) : la démocratie interne

Les récentes affaires d’élections internes truquées ne semblent pas inquiéter plus que cela certains dirigeants du PS. On aurait pu s’attendre à une volonté très stricte d’application des textes en vigueur pour que les votes du 1er octobre prochain ne soient entachés d’aucune irrégularité. Il fallait sans doute beaucoup de naïveté pour penser que nos barons locaux joueraient le jeu de la démocratie interne à armes égales avec certains candidats jugés indésirables.

Cela n’a rien à voir avec des hold-uPS devenus célèbres. Cela se passe en Franche-Comté où il n’y a aucun réel enjeu si ce n’est la capacité d’un appareil politique à respecter l’équité entre les candidats au poste de premier des socialistes sur la liste régionale. Cette campagne ne fut pas totalement exemplaire. Je peux en témoigner, je suis candidat face à la présidente sortante du Conseil Régional…

Cela a commencé avec une profession de foi envoyée par la présidente sortante à tous les militants de la région AVANT le début de la campagne interne. Premier manquement à l’article 6.3 du règlement intérieur.

Cela s’est poursuivi avec l’absence d’Assemblée Générale des militants dans deux des quatre fédérations de la région (le Territoire-de-Belfort et la Haute-Saône). Manifestement, à la présidence du Conseil Régional, cela n’a gêné personne que la moitié des fédérations ne respecte toujours pas l’article 6.3. Deuxième manquement.

Dois-je ajouter à cela que le secrétariat national aux élections du PS, bien qu’averti rapidement de ces irrégularités manifestes, n’a pas cru bon d’intervenir auprès des premiers fédéraux concernés pour exiger d’eux l’équité de traitement entre les candidats.

Décidément, on saute comme des cabris, côté cour, pour faire croire à la rénovation (le vote sur le questionnaire a lieu le même soir) alors que côté jardin, on continue les petits arrangements minables avec le règlement intérieur. Ainsi va le PS…


Règlement intérieur du Parti socialiste.
Titre 6 : Modalités d’organisation des débats internes et des votes.
Article 6.3 : moyens mis à disposition

Durant tout le temps de la campagne interne, dont les délais sont fixés par le Conseil national, les parties en présence doivent avoir un égal accès aux publications et aux sites Internet fédéraux. Ils doivent notamment pouvoir y diffuser les informations relatives aux différentes réunions nationales, départementales et locales organisées dans le cadre de la campagne interne. Les modalités d’édition des supports fédéraux demeurent sous la responsabilité des Premiers secrétaires fédéraux, qui doivent proposer aux commissions fédérales un traitement équitable des informations, soit dans les publications régulières de la fédération, soit dans une édition ou un support spécifique. (…)

Avant le vote dans les sections, la commission fédérale doit organiser au moins une soirée départementale de débat contradictoire. La fédération doit en avertir les adhérents au moins deux semaines à l’avance et transmettre la date retenue au secrétariat national aux fédérations, pour permettre aux différentes parties de prévoir la participation d’un représentant. Durant le débat, les règles de stricte égalité doivent être respectées. Pendant toute la période de campagne interne, la règle de libre circulation dans chaque fédération et chaque section des orateurs désignés par chaque partie doit être respectée, dès lors qu’il s’agit d’adhérents du Parti socialiste.

Ce papier a été publié sur Marianne2 : http://www.marianne2.fr/PS-petits-arrangements-entre-amis-socialistes_a182264.html

Série sur l'impossible rénovation interne du PS (3) : le renouvellement générationnel et social

Les dirigeants du PS auraient bien pu attendre encore quelques semaines pour préparer en profondeur une véritable rénovation, ils auraient ainsi pu éviter quelques approximations bien dangereuses. Cela attend depuis 10 ans, on n’en est plus à quinze jours près ! Il est vrai que la direction a aimablement répondu à la demande pressante des présidents sortants de conseils régionaux qui craignaient la douche froide d’une participation interne ridicule sans ce providentiel questionnaire. La rénovation du PS sous les fourches caudines des barons ! Ça commençait bien !

Le résultat n’est guère à la hauteur de nos espérances : plus on avance dans ce questionnaire moins c’est clair. La 1ère partie concerne les primaires, j’y suis favorable, les questions sont limpides, la réponse des militants le sera sans doute. La 2ème partie concerne le non-cumul, j’ai déjà dit à quel point ces propositions ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux. Les 4ème et 5ème questions ne concernent en fait que les « solferinologues », ces chercheurs du temps passé, cousins des kremlinologues, et qui seront comme eux sans doute au chômage dans dix ans. Passons, aucun intérêt.

Reste la 3ème partie fourre-tout intitulée « La parité, les diversités, les outremers et le renouvellement générationnel ». Derrière cet inventaire à la Prévert se cache un reniement général : l’égalité républicaine. Je ne reviendrai pas sur le débat concernant la parité pour lequel j’ai la même analyse qu’Elisabeth Badinter. L’ambigüité de la question 3.3 est un modèle de jésuitisme : « Donnez-vous mandat au Bureau National pour fixer, pour chaque élection, des objectifs de renouvellement contribuant à une meilleure représentation des diversités de la société française, et pour cela, en réservant si nécessaire, des circonscriptions électorales ? »

J’y joins le commentaire de la commission rédactrice, il vaut son pesant de cacahuètes : « Il faut aussi créer les conditions d’assurer en notre sein la diversité, au sens le plus large du terme, sans instaurer de quotas, en visant l’accès aux responsabilités de militants issus de l’immigration, d’ouvriers, d’agriculteurs, d’employés du secteur privé…, qui sont aujourd’hui sous-représentés parmi les responsables et les élus de notre Parti. Il s’agit aussi de préparer aujourd’hui une nouvelle génération à exercer demain les responsabilités. L’expérience nous a appris que nous ne pouvions réussir qu’en s’y prenant suffisamment tôt et en réservant des cantons ou des circonscriptions pour mettre en application nos principes. »

L’ordre des « diversités » a-t-elle une importance ? Hier les femmes ; aujourd’hui, les immigrés, les ouvriers et les agriculteurs ; demain les homosexuels, les collectionneurs de timbres, les concierges à la retraite ? Tout cela est RIDICULE ! Jusqu’à quand le PS va-t-il se fourvoyer dans ce détricotage de l’égalitarisme républicain ? Quelle peut-être la légitimité d'un élu de la République quand il est en mission de représentation de telle ou telle communauté, mission obtenue grâce à je ne sais quel statut « de membre issu d’une des diversités françaises » ? Je trouve cela très méprisant pour eux. Ce fractionnement « génétique » de la population française me parait dangereux. Seule une profonde réforme sur le cumul des mandats, c’est-à-dire le mandat unique, peut apporter une respiration républicaine à notre parti au bord de l’asphyxie générationnelle et sociale. Le reste n’est que miroir aux alouettes !

lundi 28 septembre 2009

« Les Gens d’abord ! » : mais qui sont « les gens » ?

Les mots ont-ils encore un sens pour certains dirigeants socialistes ? On peut en effet se poser la question en voyant certains slogans (voir ci-contre) ou en écoutant certains discours prétendant vouloir « protéger les gens ». On a bien changé d’époque, aux « citoyens », « travailleurs », « ouvriers » ou « camarades » a succédé une forme dégradée du plus droitier « particuliers ». Par là-même, on évacue toute référence aux classes sociales dans la structuration du langage et donc de la pensée politique.

Lorsqu’une fédération socialiste, celle de Haute-Marne en l’occurrence, adopte le slogan « Les Gens d’abord » pour s’opposer à Nicolas Sarkozy, on comprend le chemin qu’il reste à parcourir pour reconquérir les classes populaires… Quand on veut « protéger les gens » en refusant de parler de protectionnisme, serait-il même européen, on joue les dames patronnesses contre les rapports de force ou plus fondamentalement le paternalisme contre le socialisme.

Si la gauche s’occupe de défendre les « gens », c’est qu’elle ne défend plus personne, voilà, en substance, ce que pensent beaucoup de citoyens. A ce vide de la pensée, il faut opposer l’analyse de la société et la constitution d’une stratégie nouvelle.

dimanche 27 septembre 2009

Profession de foi de Jean-Philippe Huelin, candidat au poste de premier des socialistes de la liste régionale en Franche-Comté


Assemblée Générale des militants jurassiens, Lons le 24 septembre

Notre Parti Socialiste est en crise, profonde, durable. La question du sens de notre engagement socialiste me semble être la question prioritaire à laquelle nous devons répondre. Il faut enfin sortir du théâtre d’ombres : nous proclamons défendre des couches populaires qui ne votent plus guère pour nous, voilà le problème. Le sens de ma candidature est d’apporter des éléments de solution.

1) Présentation personnelle

Je suis un enfant de la Franche-Comté : natif du Doubs, après une enfance passée dans le Territoire-de-Belfort, je suis actuellement professeur d’histoire-géographie dans le Jura. J’ai 30 ans dont 10 ans de militantisme à gauche : 6 ans au MDC et 4 ans au PS. J’ai eu l’occasion de tout faire : distribuer des tracts, coller des affiches, organiser une section locale, participer à un secrétariat fédéral, à une direction nationale, composer des tracts, des argumentaires, des discours, des tribunes…

Longtemps dans l’ombre, je contribue publiquement au débat depuis 2 ans : écriture de tribunes dans la presse nationale, lancement d’un cercle de réflexion sous le patronage de Jean-Jaurès à Lons-le-Saunier, création d’un blog politique « Pour un salaire maximum », écriture d’un livre qui sortira très prochainement intitulé « Recherche le peuple désespérément », mes activités politiques sont nombreuses.
Ma candidature est à la fois pleine de prétention (je m’excuse de ne pas être élu mais, que voulez-vous, on commence tous par là !) et pleine de respect et d’humilité pour ce grand parti socialiste si mal en point. Par éthique personnelle, j’ai repoussé toutes les demandes d’entretiens avec la presse depuis ma déclaration de candida-ture : une élection interne doit le rester par respect pour les militants.

2) Rénovation interne

Notre parti a bien besoin d’une rénovation en profondeur, pas seulement de procla-mation mais de réalisation immédiate. En devenant tous rénovateurs, nous avons oublié pourquoi il fallait rénover le PS ; nous devons en effet le faire pour retrouver la confiance du peuple, confiance que nous avons perdue au pouvoir en revenant sur nos engagements socialistes.

Je soutiens l’ensemble du questionnaire proposé aux militants le 1er octobre prochain mais je garde un goût d’inachevé : oui les primaires sont indispensables mais nous n’allons pas assez loin sur le non-cumul des mandats. Je suis un partisan du mandat unique et je souhaiterais que le PS franc-comtois montre le chemin en n’acceptant pas de cumulards sur ses listes lors de ces élections régionales. De même le renouvellement ne peut pas se limiter à l’incantation à une certaine « diversité » : que les élus sortants soient placés en second rideau me paraîtrait un sain principe d’émulation pour tirer nos listes vers le haut.

3) Stratégie socialiste

Avant d’aller au combat, il nous faudrait une stratégie pour gagner. Aujourd’hui, et encore plus depuis les européennes, le PS apparaît comme un parti en déclin, notre statut de principal parti à gauche est remis en cause. Nos partenaires Verts ont choisi l’autonomie au 1er tour, ils auraient eu tort de ne pas le faire. Ils nous obligent à relever le gant ; nous avons plus que jamais besoin de l’épreuve du feu électorale pour mériter notre prééminence à gauche. Soit nous trouverons en nous, dans notre idéal socialiste, dans notre souci de justice et de fraternité, des ressorts pour convaincre l’électorat, soit nous deviendrons une sorte de naine blanche, ces étoiles qui brillent encore alors qu’elles sont mortes. Brillant par le lustre de nos élus locaux, nous aurions péri par notre incapacité à faire valoir nationalement notre vi-sion du monde.

Pour moi, les régionales sont des élections nationales car elles seront le dernier test politique avant 2012. Comme en 2004, il faut réussir à nationaliser ce scrutin si nous voulons l’emporter. C’est une étape nécessaire vers la prise du pouvoir d’Etat dès 2012. Nous arrivons au bout du cycle que j’aime à appeler : « Démissionner global, panser local » : cette répartition perverse et provisoire des responsabilités entre une droite qui frappe le plus grand nombre et une gauche qui soigne les plaies. Demain, la droite peut tout reprendre et d’abord bon nombre de régions…

Il ne faut pas se laisser abuser par des débats inutiles sur les accords d’appareils. Le vote MoDem comme le vote Europe-écologie est un vote hyper-urbain rassemblant des couches sociales plutôt supérieures à qui il arrive de voter PS aux municipales. Mais cette France-là, n’est pas majoritaire. Elle vote Oui quand la France dit Non, elle vote Royal quand la France vote Sarkozy ! Il y avait 19 millions d’abstentionnistes aux européennes, surtout parmi les couches populaires périphé-riques, ce sont elles que nous devons aller convaincre !

4) S’adresser aux couches populaires

Nous vivons dans un parti qui entretient l’image d’un peuple mythique, qui n’existe plus en réalité. Nous ne sommes plus dans les années 70, la société française a été touchée de plein fouet par la mondialisation néolibérale qui a cassé l’espérance des classes moyennes qui ont aujourd’hui disparu. Nous n’avons plus que des gagnants de la globalisation, toujours plus riches et des perdants de plus en plus nombreux. Il faut donc revenir auprès des couches populaires, cette France périphérique (périurbaine et rurale) dont seul Sarkozy semble parler.

Ces couches populaires (ouvriers et employés) représentent encore 60% de la population active, plus sans doute dans notre région. Elles connaissent la stagnation des salaires, la précarisation du travail, le chômage, la hausse des cadences, le déclassement, le descenseur social pour leurs enfants… A qui la gauche doit-elle parler sinon à cette France-là ?

5) Répondre à leurs problèmes

Nous devons d’abord cesser l’hypocrisie de dire incessamment que l’Etat ne peut rien contre la mondialisation néolibérale et faire croire, les régionales venues, que notre région luttera. Notre région ne pourra pas grand-chose, il faut le reconnaître, mais ces élections sont un test, le dernier avant 2012, pour montrer à cette France qui souffre qu’une véritable politique alternative est possible à gauche.

Mais pour cela, il faudra être clair : ce sera Pascal Lamy, membre du PS et directeur de l’OMC, qui défend le libre-échange à tout va ou l’économiste Emmanuel Todd qui prône un protectionnisme européen. Comment assister béat à la désindustrialisation de notre pays et de notre région ? Je le refuse et je crois que la Franche-Comté, parce qu’elle est une des premières régions industrielles françaises doit mener « institutionnellement » le combat pour la préservation de notre outil de travail, pour vivre et travailler au pays, comme on ne dit plus. Toutes nos politiques régionales doivent être mises au service de cette main tendue aux couches populaires, cette France qui souffre et qui n’en peut plus.

« La crise consiste justement dans le fait que
le vieux meurt et que le neuf ne peut pas naître » (Gramsci)

samedi 19 septembre 2009

Campagne interne

Je défendrai ma candidature au poste de premier des socialistes sur la liste régionale lors des 4 Assemblées fédérales des militants qui auront lieu :
  • le 24 septembre, au CARCOM de Lons-le-Saunier à 20h
  • le 25 septembre, à la salle de la Malcombe de Besançon à 20h
Les dates des AG des fédérations de Haute-Saône et du Territoire de Belfort ne m'ont pas encore été communiquées.

vendredi 18 septembre 2009

Le sens d’un engagement (et d’une candidature)

Ma candidature au poste de premier des socialistes de la liste régionale en Franche-Comté suscite une certaine curiosité. J’ai néanmoins choisi de ne répondre à aucune sollicitation médiatique pour une raison simple : il s’agit d’une campagne interne au Parti Socialiste et la moindre des corrections et de livrer mes motivations en primeur aux militants socialistes qui seuls trancheront.

Je me contenterai ici de présenter mon parcours politique et mes récentes publications dans la presse :

Né à Montbéliard il y a 30 ans, je suis originaire de Delle dans le Territoire de Belfort. Mon engagement politique a commencé à l’âge de vingt ans dans les rangs du Mouvement Des Citoyens. J’y ai rapidement acquis des responsabilités : secrétaire de la section de Delle, membre du secrétariat fédéral, responsable Grand-Est jeune de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement en 2002 puis enfin directeur de campagne législative de Jackie Drouet, candidat du Pôle Républicain dans la 1ère circonscription du Territoire de Belfort en 2002.

Eloigné de notre région pendant trois ans suite à une mutation professionnelle (je suis professeur d’histoire-géographie), j’ai eu l’occasion de faire campagne pour le « non » au Traité Constitutionnel Européen en 2005 dans le département du Var où j’ai adhéré au Parti Socialiste.

Revenu en Franche-Comté depuis la rentrée 2006, je suis professeur titulaire remplaçant dans le Jura. En politique, j’essaie d’allier le militantisme local à la réflexion plus générale. Dans le cadre du congrès de Reims, j’ai ainsi co-rédigé une contribution thématique sur l’influence de la mondialisation néolibérale dans les transformations de la sociologie française.

Depuis, j’ai beaucoup travaillé sur la déstructuration des couches populaires et sur les raisons de leur désamour avec notre parti. La réflexion portée par cette contribution s’est d’ailleurs poursuivie dans l’écriture à quatre mains d’un livre intitulé « Recherche le peuple désespérément », coécrit avec mon camarade Gaël Brustier et qui sortira le 15 octobre prochain chez Bourin éditeur.

J’ai eu l’occasion aussi de réfléchir à la situation de notre parti : de la spécialisation du PS dans les élections locales et des problèmes que cela entraine, à la déconfiture des récentes élections européennes qui s’expliquent, entre autres, par un décalage entre dirigeants socialistes et attentes populaires et par une absence de ligne suffisamment claire pour convaincre notre électorat « naturel ». Je pense que le PS doit revenir à ses fondamentaux pour retrouver le sens du peuple.

Soucieux du décalage toujours plus grand entre les élites urbaines et des couches populaires de plus en plus périphériques, j’ai dénoncé récemment les conditions d’application de la taxe carbone.

Depuis mes débuts au PS, je suis engagé dans son processus de rénovation. A cet égard, je défends la mise en place de primaires ouvertes et populaires de gauche car elles vont dans le sens du dialogue nécessaire entre formations et militants de gauche, chose que j’essaie de mettre en pratique à Lons-le-Saunier avec le « Cercle Jean-Jaurès » que je préside.

Par ailleurs, j’anime le site « Pour un salaire maximum », proposition qui pourrait permettre à la gauche de se retrouver sur une mesure symbolique mais concrète, aux antipodes de l’actuelle dérive néolibérale.

dimanche 13 septembre 2009

Série sur l'impossible rénovation interne du PS (2) : les primaires

Je vous propose une courte note de lecture du livre d'Olivier Ferrand et Arnaud Montebourg, Primaire, comment sauver la gauche.

Paru le 17 juin 2009, le rapport « pour des primaires ouvertes et populaires » rédigé par Olivier Ferrand et Arnaud Montebourg a, dans un premier temps, suscité peu de réactions. Ce n’est qu’au sortir de l’été, quand le fulminant député de Saône-et-Loire a menacé de quitter le PS s’il ne bougeait pas sur cette question que les primaires ont fait la une des médias et le devoir de rentrée des socialistes. Une fois de plus, le vent de la popularité sondagière a emporté les dernières réserves de la vieille garde solferinesque. Il est fort probable que les militants socialistes valident le 1er octobre prochain ce principe des primaires ouvertes sur lequel peu aurait parié il y a encore un an.

Pour les auteurs, ce n’est rien de moins qu’une révolution démocratique de la gauche, capable de sortir le PS de l’ornière politique dans laquelle il est embourbé depuis 2002. On peut douter de cette assertion sans pour autant négliger l’idée de primaires. La lecture de nouveau « petit livre rouge » finira d’ailleurs par emporter l’adhésion des plus sceptiques.

Après un retour sur les précédentes désignations des candidats socialistes à la présidence, les auteurs montrent les atouts (démocratisation du parti, engouement populaire) et les inconvénients (accès à la candidature très fermé, calendrier tardif, campagne courte et neutralisée, absence de moment fédérateur à l’issue du vote) de la dernière désignation interne de 2006.

Par la suite, la comparaison avec les modèles de primaires à l’étranger convainc de la nécessité de construire des primaires à la française qui s’inspirent plus de la primaire compétitive à l’américaine que de la primaire de légitimation à l’italienne ; pour une raison simple, nous n’avons pas de « leader naturel » à gauche aujourd’hui.

Quelles primaires à la française, alors ? Pour Ferrand et Montebourg, peu de doutes, elles doivent être ouvertes aux sympathisants, élargies à tous les partis de gauche qui le souhaitent avec un accès large à la candidature. Là où ils sont le moins affirmatif, cela concerne la procédure. Ils suggèrent en effet une primaire en deux phases : d’abord des éliminatoires puis un scrutin à deux tours. Les éliminatoires se dérouleraient en trois votes successifs sur la base de circonscriptions territoriales composés de dix départements limitrophes et différents à chaque vote, avec la nécessité pour le candidat de franchir la barre des 5% puis des 10% et enfin des 15% dans le troisième vote afin d’être qualifié pour la deuxième phase, celle du vote national à deux tours.

Si le procédé est complexe, il a le mérite d’entretenir une sorte de suspense sur une période assez longue ce qui oblige les candidats à dévoiler leur programme sans pouvoir rester dans une logique « d’image ».

Enfin, pour répondre à toutes les critiques, le dernier chapitre livre tous les arguments aux défenseurs du projet. Bref, un petit livre rondement mené qui répond largement à son objectif de départ : on est convaincu.

mardi 8 septembre 2009

Série sur l'impossible rénovation interne du PS (1) : le mandat unique

Ah, qu'il était beau le discours de clôture des Universités d'été de la Rochelle ! Ah, qu'il avait de la gueule ce projet de rénovation interne tant attendu ! Ah, que l'on attendait enfin, après la glaciation hollandaise, une véritable rénovation interne ! Las, depuis, on a appris que le non-cumul ne serait applicable qu'après les élections régionales et on a aussitôt compris que la consultation des militants prévue le 1er octobre n'avait pour seul but que de mobiliser des militants peu enclins, on les comprend, à venir entériner le choix des présidents de Conseils Régionaux sortants, qui ont tous, cela va de soi, un bon bilan, de repartir au charbon ! Honneur donc à ceux qui, comme Barbara Romagnan, continue de prêcher dans le désert des barons socialistes, dernière étape avant la mer ! ? (JPH)

La proposition formulée par Martine Aubry d'interdire le cumul des mandats au sein du Parti socialiste ne devrait s'appliquer qu'après les élections régionales, si jamais les militants y consentent. «N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre?», s'inquiète Barbara Romagnan, conseillère générale PS du Doubs et docteure en sciences politiques.

Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste et de la vie politique française, où 85% des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif. Cette décision est courageuse lorsqu'on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question. En revanche, je m'inquiète du fait qu'elle propose que cela ne s'applique qu'après les élections régionales. N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours de différer leur mise en œuvre ? N'y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?

Avec le mandat unique, nous avons une occasion de traduire nos propos en actes sans attendre une prochaine hypothétique victoire en même temps que nous nous donnons les moyens de l'emporter aux élections à venir. En l'appliquant dès aujourd'hui pour la constitution de nos listes pour les élections régionales, c'est un véritable électro-choc que nous déclencherons, électro-choc sans doute indispensable pour remettre nos listes dans une logique de victoire, car nous savons bien que ces élections vont être très difficiles.

Premièrement, dans notre vision républicaine de la représentation, les élus n'ont pas de sexe, pas d'âge, pas d'appartenance sociale, pas d'origine, pas de couleur. Pourtant, notre parti - et les autres également - se ridiculise en payant des amendes parce que, ne respectant pas la parité hommes-femmes, il enfreint la loi qu'il avait lui-même fait voter. Si l'on exerce un seul mandat, au maximum trois fois de suite, cela libérera bien des places, et ne manquera pas de faire émerger de nouveaux candidats. Peut-être cela redonnera-t-il le goût de l'engagement et des responsabilités à ceux qui sont aujourd'hui éloignés de l'action collective. Notre parti mérite mieux qu'une moyenne d'âge supérieure à 55 ans, mieux que les maigres 5 % des moins de 30 ans, et beaucoup mieux que ces proportions anecdotiques en son sein d'ouvriers et de militants issus de la diversité.

Deuxièmement, le mandat unique pour les parlementaires, les présidents de Conseil général et de Conseil régional, et pour les maires des plus grandes villes, est une question de principe. Car, même si certains se sentent capables d'assumer 3 mandats, mieux que d'autres, un seul, nous sommes socialistes. Et, être socialiste, cela implique de partager le pouvoir, de la même manière que nous prônons le partage des richesses. C'est aussi une question de démocratie parce que tout le temps passé à autre chose qu'à son mandat est laissé aux services des collectivités ou de l'Etat. Mais les citoyens votent pour que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens le fassent à leur place, quand bien même ils soient très compétents.

Troisièmement, c'est une question de crédibilité. Comment continuer à défendre l'idée qu'il est meilleur qu'une seule personne exerce deux mandats à la fois, plutôt que deux personnes ; travaillant ensemble en bonne intelligence, exerçant chacune un seul mandat ? Comment croire qu'un Président de Région ou de Département, qui serait en même temps parlementaire, remplirait mieux les tâches que lui ont confiées les citoyens, que deux personnes assumant chacune un de ces deux mandats ? Comment penser que le montant des indemnités des parlementaires, des Présidents de la plupart des collectivités territoriales ne justifieraient pas un engagement à plein temps pour chaque responsabilité ? C'est une question de crédibilité également parce que la perspective d'inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne nous exonère pas de la responsabilité d'agir dès maintenant, de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.

Le non cumul est une mesure qui ne coûte rien, qui est populaire, qui est salutaire pour la démocratie. Le non-cumul est aussi une façon de respecter nos concitoyens, en nous consacrant pleinement à la mission qu'ils nous confient. C'est également une formidable occasion d'ouvrir et de dynamiser notre démocratie. Alors pourquoi attendre ?

http://www.mediapart.fr/club/edition/article/010909/parti-socialiste-et-si-commencait-par-le-mandat-unique