jeudi 2 juillet 2009

Régionales : le PS parle-t-il français ?, par Jean-Philippe Huelin

Les élections régionales arrivent en galopant. Mars prochain, et le PS cherche sa tête, cherche ses pieds, cherche ses mains. Pas de projet commun, et des slogans malheureux. Qui échouent à parler la même langue que les électeurs.

Que reste-t-il de l’autorité du Premier secrétaire national du PS ? Martine Aubry sera en première ligne au soir des élections régionales de mars prochain, d’autant plus si la performance de 2004 n’est pas rééditée (ce qui semble vraisemblable), et pourtant elle n’est pas parvenue à fixer un cadre national à ces élections si importantes dans la perspective de 2012. Elle voudrait bien mais elle ne peut point…

A-t-elle seulement essayé face aux vingt présidents socialistes de conseils régionaux qu’elle rencontrait récemment ? Elle voulait un « projet commun », on se limitera à un « programme de 4 à 8 propositions », elle souhaitait « définir nos alliances électorales », elle concède des alliances à la carte, ouvertes au MoDem dès le premier tour. Bref, les barons régionaux du parti ont obtenu la très large autonomie qu’ils exigeaient. Cela n’a rien d’étonnant quand on sait l’emprise croissante et destructrice des féodalités d’élus au sein du PS. Bien plus encore, et cela est moins relevé par les commentateurs, elle a renoncé à ce qui fait office d’armistice permanent, l’équilibre des courants dans l’élaboration des listes, au risque de plonger encore un peu plus le PS dans une logique de guerre civile interne où tous seraient toujours candidats à tout et contre tous.

De projet mobilisateur, il est vrai, elle n’en a finalement que bien peu à proposer. Il suffit de prendre l’exemple de la formation professionnelle, compétence éminente des conseils régionaux, pour mesurer l’étendue des incompréhensions entre le PS et le peuple. Les dirigeants socialistes n’imaginent pas les effets ravageurs dans les couches populaires de leur slogan « la formation tout au long de la vie », bien vite traduit au coin du zinc par un « vous êtes et vous serez toujours des nuls » de bien mauvais aloi pour séduire l’électeur. De même, les programmes de sécurisation des parcours professionnels sont plutôt un signe d’insécurité sociale pour les ouvriers qui les subissent : une formation payée par le conseil régional alors que l’entreprise met ses ouvriers au chômage technique, cela sent plus l’accueil du Pôle emploi à la rentrée que la sortie de crise…

De stratégie le PS n’en a en fait qu’une seule : oser y aller seul. L’alliance à la carte au premier tour, différente donc selon les régions, rend la situation politique illisible. Le PS donnerait en outre l’impression de se cacher derrière d’introuvables alliés (les Verts iraient bien seuls, le PCF semble pencher pour des listes « gauche de la gauche » avec le NPA et le PG) comme pour camoufler son déclin électoral. Seul au premier tour, le PS préparerait cependant les conditions d’un grand accord exceptionnel pour le second tour afin de créer une dynamique de rassemblement. Plus fondamentalement, s’il veut survivre, le parti de Jaurès devra renouer avec les couches populaires, changer radicalement de positionnement et de discours, faire émerger un réel renouvellement des cadres et enfin inscrire ces élections régionales dans un programme politique de reprise du pouvoir d’Etat. En est-il capable…

Jean-Philippe HUELIN, militant socialiste dans le Jura

http://www.marianne2.fr/Regionales-le-PS-parle-t-il-francais_a181413.html

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