jeudi 9 juillet 2009

Régionales : oser y aller seul pour le PS. Réponse à Harlem Désir

Dans une tribune datée du 6 juillet (http://www.rue89.com/2009/07/06/regionales-unir-gauche-et-ecologie-des-le-premier-tour), Harlem Désir, secrétaire national du PS et proche de Bertrand Delanoë, analyse le scrutin européen et propose une « union Gauche-Ecologie autour d’un grand projet commun ». Incohérences, propos convenus et inconséquences stratégiques sont au rendez-vous. A l’image du PS d’aujourd’hui ? Espérons que non !

Erreurs d’analyse sur l’état de la gauche

Il y a un raccourci dont sont victimes bon nombre de commentateurs politiques depuis les élections européennes : celui d’absorber le vote Europe-Ecologie dans le vote « de gauche », comme si les plus de 16% obtenus par les listes menées nationalement par Daniel Cohn-Bendit ne rassemblaient que des électeurs de gauche. Il est d’ailleurs fort malséant de poser le problème. Cachons ce sein… Pourtant il y a bien une illusion d’optique. Il est certain, et j’en connais beaucoup, que des électeurs, habituellement plutôt de droite ou du centre, ont voté pour ces listes en raison de la crise environnementale chaque jour mieux décrite par les médias et plus perceptible dans notre quotidien. Ces électeurs deviennent-ils pour autant « de gauche » ? Pour ceux qui l’étaient, on peut même aller jusqu’à se demander si ce vote ne serait pas une sorte de « sas de sortie (provisoire ou définitif) de la gauche », comme le fut déjà le vote Vert à la fin des années 1980 (avec le résultat que l’on sait en 1993). Il n’est qu’à voir la célérité du locataire de l’Elysée à mettre en avant Jean-Louis Borloo pour se demander si ce n’est pas la droite qui pourrait tirer le mieux les marrons du feu !

Sur une autre question, mon camarade Harlem prend ses désirs pour des réalités : la nature de la crise du PS « force centrale de la gauche ». Pour lui, cette force ne tient pas aux idées, mais à « ses élus », grâce à ses villes, départements et régions conquises depuis 2001. Au contraire, pour ma part, je pense que ces nouveaux barons du PS sont une difficulté de plus pour reprendre le pouvoir d’Etat en 2012 car ces derniers se contentent très bien d’une forme de partage du pouvoir : à Sarkozy et la droite néolibérale le pouvoir d’Etat, à la gauche socialiste les collectivités territoriales pour adoucir les misères produites par les premiers. Pour le PS cela confine au slogan : Non-pensée globale, panser local ! Le poids de ses barons pèse d’ailleurs grandement sur le fonctionnement du PS ; les présidents de conseils régionaux socialistes ont obtenus que le national ne fixe pas de ligne aux élections régionales de 2010 qui pourrait entrer en collision avec les petits arrangements locaux…

Changement dans la continuité

Cette antienne du « changement à gauche » confine à l’antiphrase à force de rabâchage. Comment et pourquoi les mêmes feraient-il aujourd’hui ce qu’ils n’ont pas été capables de faire hier ? Harlem Désir, comme beaucoup d’autres camardes, fait et a fait depuis longtemps dans le passé partie de toutes les majorités au PS. Chers camarades, on ne vous croit plus !

D’autant plus finalement que le grand dessein du PS d’Harlem se limite à reconstituer une gauche plurielle new look où le PS, dont le poids à gauche est tendanciellement plus faible qu’en 1997, réussirait à imposer la mise en retrait de ses alliés dans une vaste union dès le premier tour et cela à son seul profit ! C’est un peu gonflé, peu de chances que cela fonctionne. Le respect des alliés, ce n’est pas que des mots ! Si nos dirigeants n’ont retenu que cela depuis 2002, c’est à pleurer !

Stratégie : y aller seul au 1er tour en 2010 pour tenter de renaître


On ne gagnera pas en 2012 en se camouflant en 2010. Les dirigeants du PS semblent vouloir instrumenter nos alliés afin qu’ils deviennent les arbres qui cachent le désert socialiste. Mais le PS, en se dissimulant derrière « la Gauche », ne va-t-il pas mourir étouffé à être ainsi trop bien caché ? Je pense en revanche qu’il est encore temps d’assumer nos échecs successifs : 2002, 2005 sur la question européenne déjà, 2007 ainsi que ces récentes élections européennes de juin 2009. Le PS doit se poser la question de son existence, c’est-à-dire de son utilité dans le paysage politique actuelle. Soit il préfère investir dans les retraites de ses actuels barons locaux et il connaitra le même sort que le Parti Radical ou la SFIO, soit il retrouve l’esprit d’Epinay et il renaît de ses cendres. Pour cela, et rapidement, le PS doit : retrouver le peuple dans son organisation et dans les urnes, penser la globalisation autrement qu’heureuse, penser l’Europe autrement que comme idéologie de substitution au socialisme, définir une stratégie de prise du pouvoir en 2012. Mitterrand a failli réaliser en 1974 les promesses de 1971, il n’est donc pas trop tard !

Pour gagner, le candidat soutenu par le PS devra compter sur un parti fort, respecté par ses alliés donc respectable. Pour retrouver cette dignité perdue, le PS devrait commencer par se présenter sous sa propre bannière (le poing et la rose) au premier tour des régionales de 2010 ! De grâce, ne confondons pas les européennes à 1 tour et les régionales qui en ont 2. Il sera toujours temps de faire des alliances de gestion au sein de la gauche (élargie ?) entre les deux tours de scrutin. Pour l’heure, le PS ne peut plus se cacher, il doit se mettre un grand coup de pied au cul…ou mourir.

Jean-Philippe HUELIN

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