dimanche 27 septembre 2009

Profession de foi de Jean-Philippe Huelin, candidat au poste de premier des socialistes de la liste régionale en Franche-Comté


Assemblée Générale des militants jurassiens, Lons le 24 septembre

Notre Parti Socialiste est en crise, profonde, durable. La question du sens de notre engagement socialiste me semble être la question prioritaire à laquelle nous devons répondre. Il faut enfin sortir du théâtre d’ombres : nous proclamons défendre des couches populaires qui ne votent plus guère pour nous, voilà le problème. Le sens de ma candidature est d’apporter des éléments de solution.

1) Présentation personnelle

Je suis un enfant de la Franche-Comté : natif du Doubs, après une enfance passée dans le Territoire-de-Belfort, je suis actuellement professeur d’histoire-géographie dans le Jura. J’ai 30 ans dont 10 ans de militantisme à gauche : 6 ans au MDC et 4 ans au PS. J’ai eu l’occasion de tout faire : distribuer des tracts, coller des affiches, organiser une section locale, participer à un secrétariat fédéral, à une direction nationale, composer des tracts, des argumentaires, des discours, des tribunes…

Longtemps dans l’ombre, je contribue publiquement au débat depuis 2 ans : écriture de tribunes dans la presse nationale, lancement d’un cercle de réflexion sous le patronage de Jean-Jaurès à Lons-le-Saunier, création d’un blog politique « Pour un salaire maximum », écriture d’un livre qui sortira très prochainement intitulé « Recherche le peuple désespérément », mes activités politiques sont nombreuses.
Ma candidature est à la fois pleine de prétention (je m’excuse de ne pas être élu mais, que voulez-vous, on commence tous par là !) et pleine de respect et d’humilité pour ce grand parti socialiste si mal en point. Par éthique personnelle, j’ai repoussé toutes les demandes d’entretiens avec la presse depuis ma déclaration de candida-ture : une élection interne doit le rester par respect pour les militants.

2) Rénovation interne

Notre parti a bien besoin d’une rénovation en profondeur, pas seulement de procla-mation mais de réalisation immédiate. En devenant tous rénovateurs, nous avons oublié pourquoi il fallait rénover le PS ; nous devons en effet le faire pour retrouver la confiance du peuple, confiance que nous avons perdue au pouvoir en revenant sur nos engagements socialistes.

Je soutiens l’ensemble du questionnaire proposé aux militants le 1er octobre prochain mais je garde un goût d’inachevé : oui les primaires sont indispensables mais nous n’allons pas assez loin sur le non-cumul des mandats. Je suis un partisan du mandat unique et je souhaiterais que le PS franc-comtois montre le chemin en n’acceptant pas de cumulards sur ses listes lors de ces élections régionales. De même le renouvellement ne peut pas se limiter à l’incantation à une certaine « diversité » : que les élus sortants soient placés en second rideau me paraîtrait un sain principe d’émulation pour tirer nos listes vers le haut.

3) Stratégie socialiste

Avant d’aller au combat, il nous faudrait une stratégie pour gagner. Aujourd’hui, et encore plus depuis les européennes, le PS apparaît comme un parti en déclin, notre statut de principal parti à gauche est remis en cause. Nos partenaires Verts ont choisi l’autonomie au 1er tour, ils auraient eu tort de ne pas le faire. Ils nous obligent à relever le gant ; nous avons plus que jamais besoin de l’épreuve du feu électorale pour mériter notre prééminence à gauche. Soit nous trouverons en nous, dans notre idéal socialiste, dans notre souci de justice et de fraternité, des ressorts pour convaincre l’électorat, soit nous deviendrons une sorte de naine blanche, ces étoiles qui brillent encore alors qu’elles sont mortes. Brillant par le lustre de nos élus locaux, nous aurions péri par notre incapacité à faire valoir nationalement notre vi-sion du monde.

Pour moi, les régionales sont des élections nationales car elles seront le dernier test politique avant 2012. Comme en 2004, il faut réussir à nationaliser ce scrutin si nous voulons l’emporter. C’est une étape nécessaire vers la prise du pouvoir d’Etat dès 2012. Nous arrivons au bout du cycle que j’aime à appeler : « Démissionner global, panser local » : cette répartition perverse et provisoire des responsabilités entre une droite qui frappe le plus grand nombre et une gauche qui soigne les plaies. Demain, la droite peut tout reprendre et d’abord bon nombre de régions…

Il ne faut pas se laisser abuser par des débats inutiles sur les accords d’appareils. Le vote MoDem comme le vote Europe-écologie est un vote hyper-urbain rassemblant des couches sociales plutôt supérieures à qui il arrive de voter PS aux municipales. Mais cette France-là, n’est pas majoritaire. Elle vote Oui quand la France dit Non, elle vote Royal quand la France vote Sarkozy ! Il y avait 19 millions d’abstentionnistes aux européennes, surtout parmi les couches populaires périphé-riques, ce sont elles que nous devons aller convaincre !

4) S’adresser aux couches populaires

Nous vivons dans un parti qui entretient l’image d’un peuple mythique, qui n’existe plus en réalité. Nous ne sommes plus dans les années 70, la société française a été touchée de plein fouet par la mondialisation néolibérale qui a cassé l’espérance des classes moyennes qui ont aujourd’hui disparu. Nous n’avons plus que des gagnants de la globalisation, toujours plus riches et des perdants de plus en plus nombreux. Il faut donc revenir auprès des couches populaires, cette France périphérique (périurbaine et rurale) dont seul Sarkozy semble parler.

Ces couches populaires (ouvriers et employés) représentent encore 60% de la population active, plus sans doute dans notre région. Elles connaissent la stagnation des salaires, la précarisation du travail, le chômage, la hausse des cadences, le déclassement, le descenseur social pour leurs enfants… A qui la gauche doit-elle parler sinon à cette France-là ?

5) Répondre à leurs problèmes

Nous devons d’abord cesser l’hypocrisie de dire incessamment que l’Etat ne peut rien contre la mondialisation néolibérale et faire croire, les régionales venues, que notre région luttera. Notre région ne pourra pas grand-chose, il faut le reconnaître, mais ces élections sont un test, le dernier avant 2012, pour montrer à cette France qui souffre qu’une véritable politique alternative est possible à gauche.

Mais pour cela, il faudra être clair : ce sera Pascal Lamy, membre du PS et directeur de l’OMC, qui défend le libre-échange à tout va ou l’économiste Emmanuel Todd qui prône un protectionnisme européen. Comment assister béat à la désindustrialisation de notre pays et de notre région ? Je le refuse et je crois que la Franche-Comté, parce qu’elle est une des premières régions industrielles françaises doit mener « institutionnellement » le combat pour la préservation de notre outil de travail, pour vivre et travailler au pays, comme on ne dit plus. Toutes nos politiques régionales doivent être mises au service de cette main tendue aux couches populaires, cette France qui souffre et qui n’en peut plus.

« La crise consiste justement dans le fait que
le vieux meurt et que le neuf ne peut pas naître » (Gramsci)

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