vendredi 1 avril 2011

Chevènement recommande "Voyage au bout de la droite" sur France 24

On en parle à la 14ème minute



Verbatim

Roselyne FEBVRE.- Tout de suite, on passe à la chronique de Soumaya Benaïssa. On revient sur le thème de la droite puisque vous nous proposez un livre intéressant « Voyage au bout de la droite » de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin. Vous avez adoré, pourquoi ?
Soumaya BENAISSA.- Tout simplement car les questions posées dans ce livre, allant dans le sens des questions que vous posiez à M. Chevènement, au lendemain de cette séquence cantonale, les deux principales « comment se fait-il que la gauche ne tire pas profit du discrédit frappant le gouvernement, le Président de la République, de cette crise économique et sociale ? C’est même plutôt, comme vous l’avez souligné, qui en tire bénéfice. Que se passe-t-il à droite ? Elle est déboussolée, le Front National pèse-t-il sur la droite ?
Finalement, on pourrait peut-être résumer l’ensemble des réponses qu’ils proposent en un mot, celui de « droitisation ».
Roselyne FEBVRE.- Qu’est-ce que la droitisation ?
Soumaya BENAISSA.- Pour eux, c’est un mot-clé, un concept faisant référence au fait que la droitisation est un processus qui travaille les sociétés européennes depuis une trentaine d’années, une quarantaine d’années. On peut le faire débuter avec Thatcher en Europe et Reagan aux Etats-Unis. Cela aboutit au fait qu’aujourd’hui, depuis une dizaine d’années, toutes les questions et les débats politiques sont polarisés sur la droite avec les extrêmes droites apparaissant en Europe : Geert Wilders, les droites New-look en Autriche, en Hongrie, un peu partout en Europe. Le tour de force de la droite de ces trente et des dix dernières années, c’est d’avoir concilié deux thématiques complètement contradictoires qui sont la contestation et la conservation. Marine Le Pen représente bien cela.
Peut-être que face aux nouvelles peurs que sont la mondialisation, crise de l’état nation dont vous parlez souvent dans l’intégration européenne, islamisme, immigration, qui sont des peurs globales, les Français veulent un peu de local. Le conservatisme est donc très approprié. Marine Le Pen fait donc basculer la contestation à droite.
Roselyne FEBVRE.- Pourquoi la contestation a-t-elle basculé à droite ?
Soumaya BENAISSA.- Vous allez sourire, mais c’est finalement la gauche d’une certaine manière. C’est une thèse que vous avez d’ailleurs récemment discutée. Les intellectuels de gauche ont favorisé la droitisation de la vie politique.
Jean-Pierre CHEVENEMENT.- Et les responsables politiques du parti socialiste en faisant une politique qui n’est plus une politique de gauche.
Roselyne FEBVRE.- Etes-vous d’accord avec ça ?
Soumaya BENAISSA.- Bien sûr.
Jean-Pierre CHEVENEMENT.- Le tournant libéral, 1983…
Roselyne FEBVRE.- Et l’émergence du Front National à l’époque.
Jean-Pierre CHEVENEMENT.- Exactement. Cela correspond tout à fait. Je conseille la lecture du livre de Gaël Brustier et de Jean-Philippe Huelin. C’est un excellent livre.
Roselyne FEBVRE.- Vous l’avez donc lu ?
Jean-Pierre CHEVENEMENT.- Oui, je l’ai lu. C’est un excellent livre. Ils ont été jadis dans ma mouvance. Ils sont maintenant au parti socialiste. Je leur souhaite beaucoup de succès.
Soumaya BENAISSA.- Vous ne contestez donc pas cette idée que les intellectuels de gauche ont pu participer, en critiquant la gauche totalitaire anticommuniste, à cette droitisation idéologique sur le modèle des néo conservateurs américains ?
Jean-Pierre CHEVENEMENT.- Ils ont apporté leur pierre à cette évolution catastrophique.

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