samedi 17 octobre 2009

Salaire maximum : la décence minimum

Coauteur d’un essai intitulé « Recherche le peuple désespérément », Jean-Philippe Huelin nous explique les évolutions de la gauche sur la question du salaire maximum. Y-aura-t-il un candidat pour porter ce projet en 2012?

Ce jeudi 15 octobre, le groupe socialiste défendra à l’Assemblée nationale une proposition de loi instaurant un salaire maximum. Ce texte prévoit que les entreprises aidées par l’Etat voient le salaire de leurs dirigeants plafonné à vingt-cinq fois le salaire minimum pratiqué à l’intérieur de l’entreprise et que, dans les autres entreprises, un écart de rémunérations entre les salaires minimum et maximum soit fixé par l’Assemblée Générale des actionnaires.

On peut néanmoins avoir déjà une idée de la teneur des débats à la lumière de l’accueil réservé au texte en commission des lois le 7 octobre dernier : l’UMP a repoussé tous les articles de la proposition de loi socialiste à l’exception du deuxième qui prévoit la création d’un «comité des rémunérations » dans chaque entreprise, mesure avancée dans le rapport Houillon (UMP) rendu public en juillet dernier. On constate que sur cette question, et malgré les discours du Président de la République, la droite reste prisonnière du néolibéralisme…et du Medef.

Pour autant, sur ce thème du « salaire maximum », le PS revient de loin et s’en saisit alors qu’il l’a laissé en jachère depuis le début de la crise financière. Dans un premier temps, seuls Marie-Noëlle Lienemann et Jean Glavany avaient signé la pétition initiée par Marianne au printemps dernier. Depuis, ils ont été rejoints par Guillaume Bachelay et Jean-Louis Bianco. Les choses se sont accélérées très récemment, sous la pression d’Alain Vidalies, pour que cette proposition de loi soit soutenue par les principaux dirigeants du parti et du groupe.

En avril dernier, les deux députés du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez et Jacques Desallangre, avaient les premiers fait une proposition de loi qui fixait un salaire maximum à vingt fois le salaire minimum. Le Front de gauche avait ensuite su reprendre cette proposition et la médiatiser au cours de la campagne européenne, tout comme la liste Europe-écologie, aiguillonnée par le collectif « Sauvons les riches », qui voulait porter un revenu maximum autorisé et européen de 44 000 euros par mois. La jeune députée européenne Karima Delli l’a annoncé clairement : « on se donne dix ans pour réussir !» Même le MoDem de François Bayrou embraye sur le salaire maximum en le reprenant dans ses propositions.

Finalement, la cause du salaire maximum se porte bien : 4000 signataires de l’appel lancé par Marianne auquel il faut ajouter les 2000 de la pétition du mouvement Utopia, des partis politiques qui se saisissent progressivement du problème, des citoyens qui se regroupent sur Internet (groupes facebook, Ministère de la fraternité…etc). Le combat culturel doit se poursuivre et s’intensifier dans les mois qui viennent. Avec un peu de persévérance (et de chance), le salaire maximum pourrait être une mesure-phare d’un candidat qui voudrait battre Nicolas Sarkozy en 2012…

Retrouver le dossier sur le site "Pour un salaire maximum"

http://www.marianne2.fr/Salaire-maximum-la-decence-minimum_a182435.html

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